de Jean-Pierre et Luc Dardenne
Drame - 1h45
Sortie salles France - 27 août 2008
avec Arta Dobroshi, Jérémie Renier, Fabrizio Rongione, Olivier Gourmet...
Prix du scenario - Festival de Cannes 2008
Lorna vit avec Claudie, un jeune homme fragile, qui tente de décrocher de la drogue. Ils vivent ensemble mais ne dorme pas dans la même pièce, ne se témoigne jamais de tendresse. Lorna, impitoyable envers son colocataire souffrant, est en réalité une jeune femme qui s'est empêtrée dans une situation des plus difficiles : rêvant de s'installer en France avec son amoureux albanais Sokol, elle se retrouve au centre d'un business de mariages blancs et de commerce de papiers estampillés nationalité belge. Le plan que lui a proposé le magouilleur Fabio, c'est de se marier avec Claudie contre de l'argent, puis, selon les circonstances, de divorcer au mieux, de devenir veuve au pire (Claudie est toxicomane, une pseudo - overdose créera l'illusion). Puis, une fois belge, Lorna sera monayable auprès de riches russes voulant se faire naturaliser et prêts à payer cash. Ensuite, Lorna pourrait s'acheter le snack et s'installer avec Sokol. Le rêve.... mais qui tourne bien vite au cauchemar...
On ne l'aime pas Lorna, lorsqu'on la découvre aussi sèche, ingrate, malmenant Claudie, jeune homme à la dérive, drogué, mais humain, lui. On ne l'aime pas parce qu'on ne connaît pas sa situation. On découvre peu à peu le pétrin dans lequel elle se trouve. Et peu à peu, Lorna aussi comprend que celui qu'elle s'est prise à détester ne le mérite pas tant, que ceux qu'elle aime ou à qui elle obéit ne voient que par l'argent. Malgré elle - ses stratagèmes pour éviter le pire - et à cause d'eux, elle aura la mort d'un homme sur la conscience. Elle touche alors au but, presque....
La fin du film nous laisse seuls face à Lorna perdue, Lorna en fuite, Lorna qui se sait enceinte. L'est-elle ? Elle parle à son enfant comme elle aimerait parler à son père, pour qu'il ne soit peut-être pas tout à fait mort, pour qu'il n'y ait pas de deuxième mort....
Il faut attendre le générique de fin pour entendre une musique : le film se passe de tout artifice, aucune bande-son ne vient perturber la progression de l'histoire et les cadrages au plus près des personnages qui évoluent sous nos yeux comme s'ils étaient juste sous nos yeux justement.
C'est vrai que c'est un grand film, sur de difficiles réalités contemporaines...
L'avis de Kilucru - Les Irréductibles
Un cinéma du corps - LeMonde.fr
Finesse et humilité - Une Russe à Paris