Fièvre à gauche dans un Sénat plus proche des réalités nationales : l’UMP enregistre quelques défaites symboliques (Louis de Broissia, Charles Millon, Dominique Paillé) et
la gauche renforce ses bataillons pour se tenir prête à conquérir la majorité sénatoriale en septembre 2011.
Ce 21 septembre 2008, 50 720
grands électeurs étaient convoqués pour 114 sièges de sénateurs à pourvoir, 74 au scrutin majoritaire à deux tours (pour les 36 départements et collectivités d’outre-mer qui comptent entre 1 et 3
sénateurs) et 40 à la représentation proportionnelle à la plus forte moyenne (pour les 7 autres départements et pour l’Assemblée des Français de l’étranger).
Le Parti socialiste a gagné largement ces élections. Les 62 sièges remportés à gauche sur 114 par les socialistes réduisent l’écart entre la majorité
et la gauche à 31 sièges, ce qui est très faible.
Loin d’imaginer que le Sénat ne changera jamais de majorité, les grands électeurs ont choisi les sénateurs indépendamment des diktats des partis. La
plupart des élus locaux, en effet, sont apolitiques et sans étiquette et font leur choix sur la personnalité des candidats. Parallèlement, la gauche a été favorisée par l’arrivée de nombreux
grands électeurs issus de grandes communes gagnées par la gauche en mars 2008.
Ces élections sénatoriales sont les dernières à voir le tiers du Sénat renouvelé. Désormais, à partir de 2011, tous les trois ans, ce sera la moitié
qui sera renouvelée, pour un mandat réduit pour tous les sénateurs actuels à six ans. Les derniers sénateurs à terminer leur mandat de neuf ans (en fait, prolongé à dix ans en raison de l’année
électorale de 2007), sont la moitié provinciale de ceux élus en 2004 (comme le Président actuel du Sénat, Christian Poncelet).
1. Les groupes politiques
Reprenons donc les informations chiffrées, groupe par groupe.
La comparaison entre le Sénat d’hier et celui d’aujourd’hui est difficile car entre temps, l’effectif est passé de 331 à 343 et par ailleurs, la
répartition des élus dans les groupes politiques n’a pas encore été faite.
114 sièges étaient donc à pourvoir le 21 septembre 2008.
1.1. L’UMP
56 sièges sortants étaient en jeu sur les 159 du groupe UMP au Sénat. 41 sénateurs UMP ont été élu, donc il y a la perte d’une quinzaine de sièges
malgré l’augmentation du nombre de sièges.
1.2. Le Parti socialiste
29 sièges socialistes sur 95 ont été renouvelés, et l’issue a donné 44 sièges socialistes, à cela, il faut rajouter 15 sénateurs radicaux de gauche
ou divers gauche qui se répartiront aussi dans le groupe PS et dans le groupe RDSE. Ces 59 sièges renforcent nettement l’opposition socialiste.
1.3. Le RDSE (radicaux de gauche et de droite)
8 sièges étaient renouvelables sur les 17 que compte le groupe RDSE. Le groupe aurait gagné un sénateur supplémentaire. Rappelons que le RDSE est le
seul groupe du Sénat où cohabitent des sénateurs de l’opposition et des sénateurs de la majorité. Feu Jacques
Pelletier avait siégé à ce groupe.
1.4. L’Union centriste
Avec la décomposition du centre (pro-MoDem, pro-Nouveau Centre, pro-majorité présidentielle indépendant etc.), le président du groupe de l’Union
centriste Michel Mercier a réussi le tour de force de maintenir la quasi-totalité de son effectif, passant de 30 à 29 membres, avec 4 renouvellements.
Quant au MoDem (a priori peu présent au Sénat), les deux sénateurs d’origine UDF, candidats les plus proches, n’ont pas été réélus. Seuls, les
sénateurs centristes qui se sont montrés proches de la majorité ont été élus.
1.5. Les communistes
Le nombre de sièges communistes n’a pas varié, les 3 sortants sur 23 ont été retrouvés.
2. Les personnalités
Voici quelques données non exhaustives sur les candidats ou élus de cette élection. Il y a 15 femmes de plus dans la haute assemblée, soit un quart
de plus que précédemment, ce qui fait une proportion de 22%, encore bien trop basse.
2.1. Les sénateurs sortants qui ne se représentaient pas
42 sénateurs sortants ne se représentaient pas parmi lesquels : Yves Fréville, Paul Girod, Charles Josselin, Louis Le Pensec, Jean-François
Picheral, Jacques Valade, Henri Torre, Charles Ginésy, Jacques Peyrat.
2.2. Les sénateurs réélus
Parmi les réélus : Gaston Flosse, Jean-Noël Guérini, Jean Besson, Jean-Pierre Bel, Philippe Madrelle, Pierre Bernard-Reymond, Raymond Couderc,
René Garrec, Jean-Claude Gaudin, Jean-François Humbert (celui qui avait voulu être élu de 1998 à 2004 président du Conseil régional de Franche-Comté sans les voix du FN), Ayméri de Montesquiou,
Ladislas Poniatowski, Philippe Adnot (promoteur au Sénat de Tremplins Entreprises).
2.3. Les nouveaux sénateurs élus
Parmi les plus connus : Jean-Pierre Chevènement, Edmond Hervé, François Rebsamen, François Patriat, René Teulade.
2.4. Les candidats battus
Dominique Paillé, porte-parole de l’UMP, conseiller à l’Élysée et ancien député (battu en juin 2007) a été battu dimanche pour se faire élire
sénateur représentant les Français de l’étranger (investi avec beaucoup de contestation, ce qui a entraîné des listes dissidentes).
Après un retour de ses aventures lyonnaises et une laborieuse primaire au sein de l’UMP, l’ancien ministre Charles Millon a été battu dans l’Ain avec
6% d’écart de voix.
Les deux sénateurs sortants UDF Philippe Arnaud et Philippe Nogrix (qui avait quitté récemment le MoDem) ont été battus.
Le sénateur sortant Louis de Broissia a été battu dans un département (la Côte d’Or) qui passe de 3 sénateurs UMP sur 3 à 2 sénateurs socialistes et
à 1 sénateur divers droite.
Deux autres sénateurs sortants ont été battus : Pierre Laffitte, le fondateur du technopôle Sophia-Antipolis, dans les Alpes-Maritimes et Jean
Puech, ancien ministre balladurien, dans l’Aveyron.
Et après ?
Les résultats officiels ne sont pas tous encore publiés et il faudra attendre ces prochains jours pour la répartition exacte par groupes
politiques.
Le principal enseignement était toutefois prévisible : le Parti socialiste confirme son succès des municipales de mars 2008 en grignotant encore
un peu plus l’avance que garde encore l’UMP et les groupes de la majorité présidentielle.
Le prochain renouvellement, qui portera sur 170 sièges en septembre 2011, renforcera cette tendance puisque les grands électeurs seront issus des
mêmes élections municipales de mars 2008 (les prochaines auront lieu en mars 2014).
Si le PS progressait de la même manière que dimanche dernier, il y aurait fort à parier que le Sénat changerait de bord et deviendrait à majorité
socialiste.
Mais avant cette perspective qui a de quoi inquiéter la plupart des sénateurs UMP, ces derniers vont se choisir le 24 septembre 2008 leur (unique)
candidat à l’élection du Président du Sénat, ultime épreuve pour l’élection officielle en séance plénière du 1er
octobre 2008. Le combat devrait faire rage entre Gérard Larcher et Jean-Pierre Raffarin qui vient de recevoir le soutien de deux sénateurs d’origine RPR.
Petite anecdote : ce 1er octobre 2008, la première séance du Sénat sera présidée par… Serge Dassault, industriel et sénateur-maire de Corbeil-Essonnes, car doyen d’âge à 83 ans… alors
que son père, Marcel Dassault, fut également, à l’ouverture de deux Législatures, le doyen d’âge, mais à l’Assemblée Nationale, en 1981 à 89 ans et en 1986 à 94 ans.
De là à ce que les socialistes prennent d’assaut le Sénat…
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (22 septembre 2008)
NB : La première illustration indique les 114 sénateurs élus ou réélus ce 21 septembre 2008 et la seconde indique les 229 sénateurs qui
n’étaient pas renouvelables en 2008.
Pour aller plus loin :
La Présidence du Sénat sur un plateau.
Le programme de Jean-Pierre Raffarin.
Le programme de Gérard
Larcher.
Le programme d’Alain Lambert.
Le programme de
Philippe Marini.
Liste
complète des sénateurs élus le 21 septembre 2008.
Détails des résultats par
départements.
Brochure explicative sur les élections
sénatoriales.
http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=44750
http://fr.news.yahoo.com/agoravox/20080922/tot-elections-senatoriales-2008-bientot-89f340e.html
http://www.lepost.fr/article/2008/09/22/1270070_elections-senatoriales-2008-bientot-un-senat-a-gauche.html