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S’il y a quelque chose qui fonctionne bien à l’Elysée, c’est le service marketing – communication. Ça durera ce que ça durera, parce qu’une machine aussi performante aura forcément un jour un raté.
L’une des techniques utilisées consiste à enchaîner les évènements à une cadence telle qu’il n’y a de temps que pour les louanges incluses dans la préparation, mais que les critiques qui doivent attendre le temps d’une analyse sont noyées dans le flux médiatique de l’événement suivant. Pour le moment, cette étrange « fuite en avant évènementielle » porte ses fruits, mais c’est une « formule 1 » de la communication, et on sait à quel point ces belles mécaniques sont chatouilleuses.
A peine Cécilia se fait-elle épingler avec sa carte de crédit qu’on l’envoie en visite de charité auprès des infirmières bulgares condamnées à Tripoli. La mer efface sur le sable les pas des amants désunis. A peine la cascade de démissions du cabinet de Rachida Dati trouve-t-elle un alinéa en page 7 des journaux désobéissants que sa loi est votée à grand rantaplan, ce qui donne l’occasion à l’intéressée de distraire l’attention par des apparitions médiatiques qui n’ont rien à voir avec l’explosion de son cabinet.
Beaucoup d’entreprises n’ont pas un service de comm aussi réactif et imaginatif que celui de l’Elysée.
Dans une équipe où les ministres ne sont plus que des adjudants, il n’y a plus de fusible crédible, et l’actualité pourrait un jour le rappeler cruellement au chef marionnettiste.
Soigneusement espacées dans le temps, les ouvertures faites aux socialistes tendent à donner à ce parti une impression de déconfiture qui n’est certes pas complètement imaginaire, mais très fortement exagéré. Il représente tout de même encore 200 députés, 58% des mairies françaises dont Paris, la présidence de 20 régions sur 22, et la moitié du Sénat…
Mais cette « ouverture » est à double tranchant : Les postes offerts à l’opposition constituent pour leurs récipiendaires des espaces qui les protègeront des inévitables convulsions qui attendent leur parti, et leur permettront d’aborder les prochaines échéances avec une image bien plus présentable que s’ils étaient restés directement exposés à la grande lessive qui se prépare rue de Solférino. Par contre, les généreux hôtes ont bien tort de croire que leurs chers invités cesseront d’être et de penser socialiste et se rallieront corps et âmes à leurs bienfaiteurs.
Ensuite, chaque socialiste débauché provoque le mécontentement de tous les UMP qui convoitaient le poste. Le système est onéreux : il suscite autant de zizanie au château que dans le camp d’en face !
Et enfin, la méthode ouvre au moins en partie les structures de l’UMP à un véritable réseau d’infiltration, qui, s’il nous rapproche de l’esprit républicain officiellement visé par la démarche, risque de contrarier fortement l’aisance des manœuvres auxquelles l’UMP était habituée pour fonctionner.
Parlons un peu de 14 juillet. Pour ma part, je préfèrerai qu’on se borne à fêter la République avec des bals et des feux d’artifice. La tradition du défilé militaire me semble un peu passéiste, même si je ne vois pas comment on va expliquer aux gradés que sans renier complètement leur utilité, ils n’ont plus aujourd’hui de place au soleil, ni surtout de rôle symbolique.
Jusqu’aux dernières dictatures, un pays démontrait sa soi-disante grandeur en étalant ses régiments et en exhibant ses chars d’assaut et ses avions qui font panpan.
Au 21° siècle, c’est en exhibant sa technologie et son avance sociale qu’un pays peut illustrer sa grandeur. Peut-être aussi en faisant état de l’homogénéité de son tissu social et de sa victoire sur les inégalités, discriminations et autres fractures.
Là, il reste du travail au service de comm de l’Elysée, parce que ce que je viens de voir à la télévision me laisse penser qu’on fait machine arrière à plein gaz.
L’unité européenne ne peut-elle avoir de démonstration plus crédible que celle des soldats de ses 27 armées réunis dans un étincelant cortège de soldatesque et de ferraille qui n’eût point déparé sur la place Rouge ou la place TienAnmen ?Mais ce qui me choque le plus, c’est le renfort des petits chanteurs à la croix de bois à la rescousse de la brillance médiatique de la fête. Bien sûr ils chantent bien, ils sont jolis, symbolisent la jeunesse et à l’avenir. Bien sûr leurs voix cristallines savent attendrir les mémées dans les chaumières, rappeler leur attention distraite sur la grande parade de notre petit calife.
Mais si le 14 juillet est une célébration à haute teneur symbolique, est-on allé jusqu’au bout du sens symbolique de leur présence aux côtés des cœurs de l’armée ?
Cette anachronique réconciliation du sabre et du goupillon était-elle vraiment la meilleure démonstration de modernité que notre nouveau président voulait donner à ses intentions ?
N’est-ce pas un appel du pied aux cohortes de fondamentalistes qui, à l’instar des édiles polonais, « voudraient voir rétablir la morale chrétienne en Europe » ? Cessez d’aller dispersez vos voix chez le Pen et le marquis du bocage, voyez comme elles seront bien représentées dans « ma France de demain » ?
En effet, fondée en 1906 à l’abbaye de Tamié, la manécanterie des petits chanteurs à la croix de bois est solennellement reconnue en 1951 par PieXII, le « pape de la guerre », qui élève son directeur de l’époque, monseigneur Maillet, au rang de « prélat de sa sainteté ».
Jean XXIII les appelle « "mes petits missionnaires de la Paix". Etrangement, pour leur carrière internationale, la manécanterie perd son aube blanche et sa croix de bois pour devenir « The little singers of Paris », ce qui lui permet une meilleure infiltration missionnaire dans des terres pas forcément conquises.C’est en tenue bleue et sans croix certes, que ces charmants jeunes gens sont venus chanter la Marseillaise et l’hymne européen. Le répertoire de ce jour est républicain, mais le choix des interprètes aurait pu être plus laïque.
D’autant plus qu’au-delà du symbole de l’essence catholique de cette manécanterie, je rappelle qu’il existe en France d’autres religions parfaitement respectables, qui possèdent certainement des chorales qui auraient bien aimé profiter de cette déchirure dans la laïcité des institutions pour figurer au nombre des acteurs de cette cérémonie « républicaine »..
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Après cent ans d’une séparation salutaire pour le respect de toutes les religions, ces étranges retrouvailles de la nation et de l’église romaine étaient-elles opportunes ? D’autant plus que jamais plus qu’aujourd’hui, la diversité religieuse n’a été, dans notre pays, aussi pressante dans l’actualité, et que jamais autant qu’aujourd’hui la laïcité n’est apparue comme la nécessaire garante du respect de cette diversité…
A vouloir trop faire et trop bien faire, on commet parfois des erreurs et des contradictions. C’est d’ailleurs de cette manière qu’à mon avis, l’actuel édifice de notre nouveau président, bâti de brics et de brocs dans la précipitation, finira malgré l’efficacité de son service après-vente, par chanceler. On ne peut pas indéfiniment dire la chose et son contraire comme il le fait à tous propos, ni promettre satisfaction d’un seul mot à des entités contradictoires.