Lauzerte : arrosoir, vendetta, relève, carrière, bulle, tango,
roman.
Rappel préalable : ce jeudi 25 septembre à 17 h
interview-présentation-débat au Furet du Nord de LILLE
-------------- pour le recueil Qui comme
Ulysse
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---- Présence
exigée ----
…………. Précédée le même jour, à 15 H d’une interview radio …………
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sur
l ‘émission littéraire de France-Bleu Nord -----
J’ai connu ce dimanche à Lauzerte de grandes émotions qui vont avoir une
importance décisive pour l’avenir de la littérature. Classons ça pour y voir plus clair.
J’ai rencontré une femme de parole Loïs de Murphy avait annoncé qu’elle viendrait avec un arrosoir plutôt qu’un chapeau à fleurs. Elle est
dûment venue me voir avec un immense arrosoir vert. Aussi immense que son sourire qui, lui, était cependant très blanc. Loïs a eu raison, l’arrosoir lui va beaucoup mieux que le sombrero.
J’ai conclu la paix avec quelqu’un ! Moi qui pratique la vendetta
comme l’un des beaux-arts ! J’avais, paraît-il, menacé Flo la
blogueuse d’homicide par jet de livres invendus. Elle était, tout bien réfléchi, trop
sympa pour que je la tue. D’autant plus que je n’avais pas un seul « Qui comme Ulysse » à gaspiller. L’armistice a été signé. Je lui ai même confié mon stand pendant que je donnais une
lecture publique face à des milliers de spectateurs captives ( ou des centaines, ou des dizaines, ou un peu moins, quand on s’aime on ne compte pas). Revenons à Flo : je suis arrivé au
moment où elle allait écrire à ma place les dédicaces. Sa bonne volonté n’a pas de limites, c’est comme ma paresse.
Après un long travail mené sur mon ego, j’ai admis que je pouvais avoir un
successeur, et je l’ai intronisé (attention, hein, je dis bien un successeur, pas un remplaçant) comme lauréat du Prix du Scribe « Place aux Nouvelles » Lauzerte 2008. Moi, c’était en 2007. Pour 2008, c’est Yves Lériadec avec son recueil « Les hommes aussi ont besoin d’amour » (ça se discute, moi j’ai surtout
besoin de lecteurs et de soutien médias). Je ne votais pas, et heureusement, car j’aurais exigé 5 bulletins de vote pour soutenir les 5 talentueux finalistes : Magali Duru, Laurence Barrère, Pierre Le Coz et Bertrand Runtz. Et Yves Lériadec, bien sûr, car je suis toujours du côté des gagnants, c’est pour moi une règle morale.
Quasiment un impératif kantien. Ça s’est joué finalement à deux ou trois voix près, sur plus de vingt jurés. Le débat a été féroce, ils se sont entre-déchirés. Tout ça pour de la littérature.
C’est beau.
Ma carrière de commercial paraît de plus en plus prometteuse, plus que
celle d’auteur. J’ai dédicacé une fois encore tout mon stock de « Qui comme Ulysse ». Avec du recul, j’ai quelques remords concernant le dernier acquéreur, ce passant égaré dans la
nuit : je l’ai alpagué, j’ai pratiqué sur lui un incontestable forcing. Il a perçu la vibration meurtrière qui sourdait sous mon sourire mercantile. Effrayé, il a sorti son chéquier, et
s’est enfui avec son Ulysse dans les ruelles obscures.
À la différence de la chère Loïs de Murphy, je vais manquer à ma parole : je m’étais promis de m’enfermer dans ma bulle pour réfléchir à ma stratégie bloguesque.
Impossible. Trop bonne ambiance, trop bons échanges avec les visiteurs lauzertains et forestieri, trop d’embrassades et de pots entre auteurs, trop d’enthousiasme contagieux de la part des
organisateurs et des bénévoles, trop joyeuses festivités. Ma bulle a explosé. Du coup, je n’ai toujours pas de stratégie, mais ça vient.
Le dernier soir, j’ai laissé jouer un tango
(brillamment exécuté par Cathy, la médiathécaire lauzertine à l’accordéon), un beau tango, sans
inviter la nouvelliste Frédérique Martin, ni Blandine, libraire d’un jour et de tant d’autres. Je suis déshonoré. Mais si on m’avait vu le danser, j’aurais été encore plus déshonoré. L’an
prochain, je reviens : je chanterai La
Cumparsita puis A Medialuz, et je les danserai ensuite. Avec qui ? Mon carnet de bal est ouvert dès maintenant, avis aux
impétrantes.
J’ai retrouvé mes sœurs de lettres, Emmanuelle Urien, Françoise Guérin, Magali Duru, nous nous sommes connus quand nous étions pauvres, inconnus et ambitieux. Rien n’a changé, c’est merveilleux.
J’ai aussi retrouvé toute la joyeuse bande des nouvellistes de Lauzerte. J’étais tellement heureux que j’ai préféré ne pas leur dire que j’écris un troisième roman. Je suis un
dissimulateur.
Merci et mercis. Je vais sûrement en oublier, tant pis, je me
lance. Merci à Jacques et Brigitte Griffault, inépuisables maîtres
d’œuvre de cette manifestation, à Blandine libraire volante à qui j’ai oublié de dire au revoir, c’est le seul point noir de cette journée, à René et Nicole formidables et généreux taverniers, à
tous les rayonnants bénévoles, et tout particulièrement à Michel et Jacqueline pour leur accueil.
Merci à Françoise Guérin qui, non contente de me supporter comme voisin de stand, m’a soufflé
trois idées de dédicaces qui n’ont pas fini de faire de l’usage. Merci à tous pour ne pas m’avoir volé ma bière : je l’ai pourtant plusieurs fois déposée à l’écart, fraîche et moussue,
tentante, pour repérer le malandrin de l’an dernier.
Ah,
j’allais oublier, l’avenir de la littérature ! Après un dimanche pareil, c’est décidé : dès que mon roman sera terminé (peut-être même avant), je recommence à écrire des
nouvelles. Dé