L'automne est sans hésitation ma saison préférée, pour les couleurs somptueuses qu'offre la nature à cette période de l'année (septembre-octobre), pour les superbes étés indiens que nous avons très souvent, pour les oiseaux qui sont en train de se préparer à l'hiver et... pour le brâme du cerf. Ce week end, dans la forêt de Rambouillet, avec mon copain, nous sommes sortis en pleine nuit (comme chaque automne) pour les écouter brâmer. Ca a été exceptionnel, un brame très puissant, et des mâles sans doute très ... dominants ! On a même eu la chance d'entendre les bois se cogner, et là aussi c'est impressionnant, on mesure bien leur puissance. C'est l'occasion de parler un peu de cet animal.
Le cerf possède une ouie et un odorat très fins. Par contre, sa vue n’est pas très perçante et ne lui permet pas de distinguer les couleurs. Les larmiers, glandes situées à la commissure des yeux, secrètent un liquide avec lequel le mâle marque son domaine. Un mâle peut atteindre 2,50 m de long, 1,50 m de haut au garrot pour un poids de 220 kg.
Au début de l’automne, des cris rauques et profonds retentissent dans la forêt. Le brame est le mot qui désigne à la fois le cri du cerf et la période du rut. Les deux phénomènes sont très liés. Le brame se déclenche chez le mâle en présence des femelles et à cause d’une poussée de testostérone. Le brâme du cerf a au moins deux objectifs : il permet de signaler la présence d'un mâle à la femelle, et d'intimider les rivaux ou de les "inviter" au combat. Certains prétendent que le brâme hâterait l'ovulation des femelles, mais cela n'a jamais été prouvé. Les grands mâles quittent leur groupe pour rejoindre les femelles sur les lieux de brame. Pendant toute la période de rut, le mâle veille sur son harem de biches et en expulse tout autre prétendant. C’est la seule période de l’année où le cerf, habituellement placide devient violent. Les duels sont ritualisés. Les deux mâles paradent et s’intimident. Si aucun ne cède, bois contre bois, chaque adversaire tente de déséquilibrer son rival. Ces combats sont très violents. Certains mâles ont des bois cassés, d’autres des plaies béantes et dans le pire des cas, le vaincu meurt. Une fois l’accouplement terminé, le mâle réalise la « chandelle », une ruade spectaculaire pour se dégager, propulsant la femelle en avant.
Vers la mi-octobre, les mâles reproducteurs quittent les futures mères pour rejoindre leur groupe.Huit mois, plus tard, entre mai et juin, la biche met au monde un seul petit. Le faon né avec un joli pelage moucheté, qu’il perd dès l’âge de 3 mois. Le petit pèse environ 7 kg et les deux premières semaines, il reste couché près de sa mère. Il en profite pour téter et prendre 400 grammes par jour. Dès l’âge de 6 mois, le faon est sevré. Pour le daguet (l’aîné), la nouvelle période de rut signifie la séparation. Le mâle dominant le chasse alors de la cellule familiale. La femelle et le mâle ne cohabitent qu’à l’occasion du rut. La femelle reste seule avec ses petits. La cellule familiale regroupe en principe une femelle, un jeune de moins de deux ans (bichette ou daguet) et un faon (le petit de l’année). Ce petit groupe peut en rejoindre d’autres et dans ce cas la harde est dirigée par une biche meneuse.
La vie du mâle est très différente. Dès qu’il quitte sa mère (vers 18 mois), il intègre une harde de mâles qu’il peut quitter à tout moment. La hiérarchie est très marquée : un vieux cerf domine un cerf moins âgé qui lui-même commande à un plus jeune et ainsi de suite jusqu’au daguet nouvellement intégré ; les novices font allégeance à leurs aînés en échange de leur expérience.
Je n'étais malheureusement pas équipée pour enregistrer le spectacle auquel nous avons assisté vendredi et samedi soir, mais Internet fait des miracles ! Voici une petite vidéo trouvée sur Youtube qui donne une idée assez fidèle de ce que nous avons pu entendre pendant un bon bout de temps.