Le Sénat à droite, la faute à qui ?
La faute à Mirabeau, l'Orateur du peuple, le révolutionnaire, celui qui ne sortirait "que par la force des baillonettes". En effet, le 14 décembre 1789, l'Assemblée Nationale vote une loi sur proposition du marquis de Mirabeau qui institue la commune comme le plus petit échelon administratif et qui vient recouvrir toutes les paroisses que compte la France, histoire que le pouvoir spirituel se trouve concurrencé par le pouvoir séculier. Aujourd'hui on ne compte près de 37000 communes en France. A titre de comparaison, il y a autant de communes en France que dans le reste des 14 pays de l'UE à 15.
Or les listes électorales pour les sénatoriales sont composées des députés, des conseillers régionaux, des conseillers généraux et surtout des représentants des conseillers municipaux. Vu le nombre hallucinant de commune en France, les représentants des conseillers municipaux composent 95% du collège electoral (142000 des 150000 grands électeurs). Si les socialistes ont bien raflés les Conseils généraux et Régionaux en 2004, et qu'ils ont connu une poussée aux municipales de 2008, il n'en reste pas moins que la France rurale reste durablement ancrée à droite. Parmi les 37000 communes françaises on en compte 33000 de moins de 2500 habitants.
Comme si cela ne suffisait pas, il n'y a pas eu de révision démographique depuis 1976 ! C'est-à-dire que depuis plus de 30 ans, le nombre de sénateurs élus dans chaque département n'a pas bougé. C'est une sorte de prime à la ruralité, qui désavantage les départements ayant connus une forte croissance démographique depuis plusieurs décennies. On peut lire ceci chez Paul Allies (Politiste et militant de la "convention pour la 6e république") :
Les conseils municipaux des communes de moins de 500 habitants (qui abritent 7% de la population) désignent 16% des grands électeurs. Celle des communes de 500 à 1500 habitants (15% de la population) 25%. Seules les villes comprises entre 1500 et 15 000 habitants sont à peu prés équitablement représentées. Mais la France urbaine (plus de la moitié de la population dans les villes de plus de 190.000 habitants) ne dispose que de 30,8% des délégués. Si l’on retient les départements comme base de la comparaison l’inégalité est tout aussi criante : la Creuse a un sénateur pour 65.000 habitants alors que le Var, un pour 271.000. Les départements les moins peuplés pèsent deux fois plus que les départements les plus peuplés.
La réforme de 2003
Elle aurait pu être le moment de réviser la répartition des sénateurs sur le territoire. A part quelques corrections à la marge, la répartition reste quasi-identique, malgré l'augmentation du nombre de sénateurs (de 328 il est passé à 331 en 2004, 343 en 2004, il atteindra 348 en 2011 quand la phase de transition induite par la réforme sera terminée). Le mandat des sénateurs a été abaissé de 9 à 6 ans et l'égibilité est maintenant fixée à 30 ans (contre 35 avant 2003). Les membres de la chambre haute seront désormais remplacés par moitié tous les trois ans (ils étaients remlacés par tiers tous les 3 ans). Sur les 343 sièges actuellement pourvus, le groupe UMP ne compte plus que 145 membres. Mais cela suffit pour conserver une majorité relative, et ce d'autant plus que les sénateurs centristes ont bien le coeur à droite (bien que le Sénat comprenne un groupe parlementaire regroupant à la fois des élus de la majorité et de l'opposition). Par contre, le prochain renouvellement a lieu en 2011 : certes après les régionales et cantonales, mais avant les prochaines municipales... ce qui signifie que le gros du corps électoral n'aura pas changé. Mais demain est un autre jour.
Photo par Hamza Hydri>>Laisser votre commentaire !