Le Figaro est-il un journal de propagande ?

Publié le 22 septembre 2008 par Roman Bernard
Court billet ce soir, pour revenir sur l'article de complaisance consacré par le quotidien d'Étienne Mougeotte à la visite de Rachida Dati en Israël et en Palestine.
En visite dans l'État hébreu et les Territoires palestiniens pour conclure une coopération juridique visant à établir, entre autres, une Cour suprême en Palestine, le Garde des Sceaux s'est comporté comme s'il avait été suivi par le Journal du Dimanche ou un autre titre de ce que la mode anglo-saxolâtre qui sévit en France pousse à appeler la « presse people ».
Pose dramatique devant le Mur des Lamentations, déclarations qu'une Ségolène Royal n'aurait pas reniées sur la nécessité pour les Palestiniens de « renoncer à la violence », à charge pour les Israéliens de « traiter le peuple palestinien avec justice ». Avec, comme « phrase choc » : « On ne discute pas avec le terrorisme, on le combat ». On ne peut certes pas demander à un simple ministre français d'envisager une réelle solution au conflit israélo-palestinien, attendu qu'il n'en a ni la légitimité, ni la possibilité. C'est, au fond, ce qu'il y a de plus navrant dans un tel type de visite : la France ne compte plus que par ses déclarations consensuelles, qui, quand elles ne lui assurent pas le dédain à la fois amusé et agacé de la communauté internationale, lui valent une très éphémère popularité, comme lors du brillant discours de Dominique de Villepin à l'ONU sur la crise irakienne, en 2003. Il est donc logique que la presse française subisse le même sort que la classe politique dont elle rapporte les faits et gestes : être réduite à l'insignifiance. On peut toutefois se demander, à la suite de Sylvain Lapoix, de Marianne2.fr, si les journalistes sont dans leur rôle en faisant la promotion d'un ministre et de la politique menée par son gouvernement, fût-ce pour un journal soutenant la majorité.
Que Le Figaro soutienne le gouvernement n'est en soi pas blâmable : le seul quotidien de droite doit pouvoir faire contrepoids aux deux quotidiens de gauche, l'un social-libéral, l'autre social-démocrate, dont les divergences sont assez ténues.
Mais il serait préférable que le soutien du Figaro soit critique, attitude que votre serviteur, en dépit de l'humilité de ses moyens techniques, cherche à avoir ici.
C'est ce que le quotidien du groupe Dassault avait réussi à faire jusqu'au départ de Nicolas Beytout de la direction. Son remplacement par Étienne Mougeotte n'est certainement pas étranger à ce que Cratyle appelait, en janvier dernier, la « déchéance » du journal de François Mauriac et Raymond Aron.
Roman Bernard
Criticus est membre du Réseau LHC.