L'épreuve du feu pour Far Cry 2 était bien évidemment de se livrer pour une session de jeu qui dure plus de 10 minutes sur un salon. L'arrivée d'une version preview nous offre donc le loisir de passer quelques journées en sa compagnie.
Avec une date de sortie qui semble coulée dans le béton, il nous reste un petit mois à attendre pour voir le jeu débouler dans les rayons. Autant dire qu'il était grand temps de pouvoir poser les mains sur ce qui pourrait être l'un des meilleurs FPS de cette fin d'année. Pour rafraîchir rapidement la mémoire de tout le monde, souvenez-vous que Far Cry tranche avec les derniers shooters linéaires en provenance d'Ubi et opte pour l'approche plus hardcore du monde ouvert. Autant aborder de suite la question : Far Cry 2 vaut déjà le détour pour la qualité de ses environnements. Si un système de transport en commun existe pour rejoindre automatiquement des arrêts de bus préalablement repérés sur votre carte, prendre une caisse et emprunter les pistes offre un spectacle qui compense le temps consacré aux déplacements. Des chemins de terre qui nous emmènent au beau milieu de la jungle à la savane avec ses herbes folles ou carrément au fin fond du désert, le spectacle est scotchant. Précisons que c'est sur Xbox 360 qu'Ubisoft a choisi de nous faire tester le jeu mais que les joueurs PC se rassurent, quand on voit l'allure de cette déclinaison console, il n'y a guère de souci à se faire. Malgré quelques petits bugs qui seront vite évacués, le moteur est sublime et multiplie les effets, sans en abuser, afin de rendre vivants les nombreux environnements. De la poussière volant dans le soleil des plaines aux gorges obscures que l'on parcourt en rafiot à la flottaison douteuse, il n'y a guère que la désolation du désert qui fasse retomber l'enthousiasme. Il faut de plus ajouter les nombreuses variations de l'esthétique provoquée par le cycle jour/nuit ou par la météo. Un même lieu prend des aspects très différents selon l'heure et les conditions climatiques. A une même heure du jour, vous aurez ainsi une vue très dégagée par temps clair mais devrez composer avec un champ de vision obstrué par la brume s'il vient de tomber quelques gouttes d'eau.
Parfois, dans la brousse, on se demande si ce ne sont pas les herbes qui nous en veulent.
Inutile donc de s'étendre sur le caractère hautement immersif du terrain de jeu renforcé par de petits détails comme l'usage d'une carte qui n'indiquera que ce que vous avez déjà repéré ou même l'absence de radar signalant la présence ennemie, pourtant devenu incontournable de nos jours. En somme, Far Cry 2 se parcourt à la dure et si la crainte de le voir "radouci" par son adaptation sur console était légitime, elle n'est finalement pas fondée. Dans son déroulement, Far Cry 2 a quelque chose de S.T.A.L.K.E.R. Juste quelque chose, ne nous excitons pas. On retrouve ainsi cette même progression qui nous impose une quête principale dont on s'acquittera en remplissant des missions pour les deux factions rivales se déchirant pour le contrôle du pays, l'UFLL et l'APR. En marge, il y a les missions annexes, obtenues auprès d'autres personnages ou de façon anonyme d'un simple coup de téléphone. On ne reviendra pas en détails sur ce système qui a déjà été abordé à plusieurs reprises pour se concentrer sur l'expérience de jeu. Une fois le contrat en poche, on file donc vers la cible, pour l'heure, il s'agit en général d'aller faire péter des machins ou de voler quelques papiers. C'est le moment de s'armer de patience, les trajets pouvant se révéler longuets entre la distance à parcourir et les éventuelles embûches sur la route comme les postes de gardes ou les planques que l'on serait tenté d'aller conquérir puisqu'il s'agit des principaux points de sauvegarde.
Pour vous procurer des cachets, il faudra rendre service aux réfugiés qui tentent de fuir le pays.
L'intérêt dans tout ça étant de savoir profiter de ce qu'on a sous la main. Les armes, en premier lieu, qu'il faudra acheter à un armurier si on tient à ce qu'elles soient fiables, ce qui n'est pas le cas de celles ramassées sur le terrain qui ne manquent pas de s'enrayer en plein combat. Le terrain n'est pas à ignorer non plus, le relief offrant tout ce dont on peut avoir besoin, la végétation pour se dissimuler, des points élevés pour les amateurs de snipe et surtout la possibilité de choisir de venir de nuit pour tenter l'infiltration. Comme tout bon jeu ouvert, Far Cry 2 vous laisse vraiment le choix de l'approche. Bien sûr, il y a les impondérables. Si on peut, grâce à la lunette faisant office de jumelle, préparer son coup avant de se lancer, il est difficile de tout prévoir. A ce titre, le feu est particulièrement évocateur. C'est probablement l'un des éléments les plus marquants du soft, un facteur qui peut aussi bien jouer en votre faveur que vous cramer la tronche. Avec sa propagation dépendant du vent et de ce qu'il trouve à manger, le feu se déclenche facilement et pourra à la fois servir d'arme ou de simple diversion si vous parvenez à l'allumer sans que l'IA en comprenne l'origine, vous pourrez alors la rabattre vers une embuscade. Le revers de la médaille, c'est le feu non désiré ou non maîtrisé qui va commencer à s'étendre, détruisant les véhicules, menaçant de vous brûler vif ou faisant exploser les réserves de munitions en provoquant un feu d'artifices dangereux. Enfin, n'oublions pas non plus le cas de l'incendie avorté par une averse subite qui vous prend de court. Un véritable facteur imprévisible, capricieux et, avouons-le, assez jouissif lorsque les choses tournent bien, voire mieux qu'on ne l'aurait penser en faisant partir en fumée tout un campement ennemi.
A chaque mission correspond une mission complémentaire offerte par votre allié.
De plus, on apprécie l'optique des combats qui s'orientent, à l'image du jeu en général, vers un public relativement hardcore en ne cherchant pas à faciliter la tâche du joueur, une approche assez rare pour un titre multisupport. On trouve donc, dans cette version preview, peu de kits de soin et pas question d'en faire un stock de 50 dans sa poche, les armes ne sont pas fiables, s'enrayent, ont une précision limitée et le système de santé rend difficile le rentre-dedans. Pour faire simple, la jauge de santé se divise en trois, le premier tiers peut être récupéré automatiquement à condition de rester un long moment immobile et sans prendre de coups, le second en revanche, diminue plus rapidement et exige le recours à un kit de soins pour être rétabli et le dernier est celui qui vous obligera à vous arrêter pour réaliser une animation de soin pour éviter la mort avant de pouvoir utiliser un medikit. Mieux vaut donc prendre garde à ce qu'on fait avant de commencer à courir à découvert, ce qui ajoute encore à la lenteur de la progression du jeu. Pourtant, tout n'est pas rose dans les combats principalement à cause de l'IA un peu branlante.
L'assaut de la décharge est facilité par le soleil bas et la pénombre.
L'ennui n'est pas qu'elle soit mauvaise, elle est en fait inconstante. Si on fera l'impasse sur les personnages légumes qui ne bougent pas d'un poil quand on vient de faire un trou dans la tête du mec qui se tenait à côté (à mettre sur le compte de la version preview), on est plus étonné par certains comportements étranges. Passez à côté d'un campement ou d'un avant-poste et ses occupants vous harcelleront, allant jusqu'à vous poursuivre en voiture pour vous dégommer, un comportement bien agressif donc, trop parfois puisqu'on finit par avoir la moitié de l'Afrique à nos trousses. Idem, lors d'un assaut, si vous parvenez à vous barricader, vous finirez vite encerclé par vos ennemis qui, curieusement, ne se donneront pas la peine de donner l'assaut malgré tous ces efforts pour vous contourner. Vous pourrez rester là pendant des plombes, certes vous serez coincés et il ne sera pas facile de sortir mais inutile d'attendre que l'on vienne vous déloger. Même les grenades n'y feront rien puisque les ennemis ont bien du mal à s'en servir de façon efficace. Clairement, on espère que l'IA sera rétablie pour la version finale du jeu car c'est à peu près tout ce qu'il manque pour parfaire le tableau de Far Cry 2 et lui éviter de voir ses séquences de combat perdre en dynamisme.
Un peu de stealth kill. On note au passage que le désert de nuit n'est pas le plus éblouissant des décors.
Avant d'en finir, on dira un petit mot sur les premières expériences avec la malaria. Comme vous le savez sans doute, le personnage que l'on incarne dans le jeu est
salement infecté par la fièvre jaune et il faudra régulièrement prendre des médocs pour lutter contre les malaises qui ont la sale manie de survenir en plein affrontement. Ces cachets en
question, il faudra bien sûr se les procurer en remplissant des missions de livreur et là encore impossible de faire un gros stock. Pour le coup, on n'est pas certain d'adorer l'idée car, dès que
l'on a épuisé son stock et pas avant (j'insiste sur le pas avant), il faudra aller trouver un fournisseur, remplir une mini-mission pour lui et ensuite empocher la récompense. Si Far Cry 2 est
plein de bonnes choses, il n'est pas évident que la malaria et ses missions de La Poste en fassent vraiment partie. Mais ce n'est peut-être qu'un point de vue bien personnel et, sous réserve d'un
IA améliorée et de deux ou trois corrections par-ci par-là (à commencer par des kits de soin un peu moins rares) ce premiers contact en tête à tête avec Far Cry 2 est des plus prometteurs.
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