Roman - 530 pages
Editions Actes Sud - Août 2006
C'est aujourd'hui l'anniversaire de Théo. Mère, frère, fiancée et amis sont réunis pour fêter ses vingt ans. Son frère aîné, Niels, lui a offert un jeu de société, c'est l'occasion d'y jouer. Jouer... Justement, ça ne sera pas le cas. Il s'agit de répondre à des questions concernant son propre tempérament et celui des autres autour de la table, de révéler des secrets enfouis, de gérer les suscptibilités et les faibles de chacun, de décrypter les caractères... mais en aucun cas de jouer. Autour de ce "jeu psychologique", chacun cogitera, se révèlera, sera blessé, apprendra l'impensable...Alice Ferney aime faire parler ses personnages sur ce qu'ils sont, nous les présenter par leurs propres révélations intimes. C'est ce qu'elle fait avec Les autres, en construisant son roman en trois parties permettant de narrer trois fois cette partie de jeu selon différents angles. Du point de vue des personnages tout d'abord, qui à tour de "rôle" livrent leurs pensées, leurs questions sur ce qui se déroule devant eux et ce qu'ils aimeraient éviter d'avouer. Puis Alice Ferney reprend le déroulement de la partie en nous délivrant les dialogues échangés. Et enfin, elle relate l'histoire de cet anniversaire particulier de la part d'un narrateur extérieur.
Extrait :Il y a Moussia la mère qui cache le désespoir de son mariage, ses problèmes de santé et le départ de la grand-mère, Théo et Niels qui semblent frères ennemis depuis un lointain drame de leur enfance, et Marina, amie de Théo, qui est venue ce jour avec son jeune fils ne pensant pas être amenée à revéler l'identité du père... Le seul bémol que je trouve à ce roman est justement la réaction du père désigné qui accepte la nouvelle avec naturel et une adhésion immédiate, cela m'a paru peu crédible.
"Que pensait Fleur à cet instant ? Elle n'était pas heureuse. Il pouvait le lire sur la pente de sa bouche et ses mains dans ses poches. Elle avait été froissée par ce que l'on disait d'elle. Elle ne parvenait pas à l'oublier. Fleure n'effaçait jamais un mot, elle entrait dans le ressassement, elle avait déposé la parole des autres sur un piédestal en même temps qu'elle enfermait la sienne dans une cave. Elle croiyait que l'on n'oublie rien, que ce qui nous échappe n'a pas vraiment disparu, se trouve descendu au fond de nous, installé dans des régions inaccessibles. Elle croyait que les mots dits autant que les mots tus filent l'écheveau de notre élan."
Les autres décrypte les pensées de chacun, les réactions face aux mots des autres envers soi. Et ceci avec la même qualité d'écriture que l'on trouvait dans La conversation amoureuse ou L'élégance des veuves...