Invité par Allociné , dans le cadre du club 300, j’ai eu la chance de découvrir en compagnie d’autres blogueurs le diptyque Mesrine. Sympa jusqu’au bout , l’équipe nous avait préparé une jolie surprise en invitant Vincent Cassel qui est passé nous faire un coucou entre les deux films. Mesrine , distribué par Pathé, sera sans aucun doute un des gros blockbusters Made in France de la fin d’année. A la fin des deux projections, le producteur Thomas Langmann a tenu a participer à un débat avec le public. Il semble croire très fort à ce nouveau projet auquel il tient particulièrement (le livre L’instinct de mort est un des premiers bouquins qu’il ait dévoré dans sa jeunesse). Souvent victime de bien des railleries, notamment pendant la promotion du dernier Asterix, Langmann s’est montré comme très sympathique et détendu. Il a répondu sereinement à toutes les questions, même celles qui fâchent, sur Asterix notamment. De toute façon le relatif échec d’Asterix n’a rien de catastrophique étant donné que Pathé est largement rentré dans ses frais avec un certain Bienvenue chez les ch’tis…Bref, parlons donc de ce premier volet du diptyque Mesrine intitulé L’instinct de mort et apparement fidèle au bouquin…
La critique
Un biopic efficace et de bonne tenue
Jacques Mesrine (Vincent Cassel) aurait peut être pu être un homme normal. Le début du film nous le montre franchement traumatisé par la Guerre d’Algérie, un moment cauchemardesque qui lui a peut être enlevé toute foi en la justice et la société. Rentré de son périple, ses parents lui annoncent qu’ils lui ont trouvé un boulot comme il faut, avec la sécurité et tout. Mais galérer toute sa vie pour des cacahuètes ne semble pas faire partie du plan de ce voyou en herbe. Son quotidien dans la maison familiale l’étouffe et il est profondément agacé par le fait que son père se laisse dominer par sa femme. Pour Jacques, il n’est qu’une lavette. Très vite, il demande à son ami Paul (Gilles Lellouche) de le faire entrer dans une bande de brigands présidée par un certain Guido (Gérard Depardieu). Par son audace et sa force, il va rapidement s’imposer comme un des plus grands criminels du coin. Entre deux braquages ou autres affaires illégales, Mesrine rencontre Sofia (Elena Anaya) avec qui il aura trois enfants. Mais il se fait coincer et arrive à la case prison. Quand il en ressortira, il tentera de reprendre une vie normale, en vain. Un destin tout tracé pour lui ? Sa relation avec Sofia ne marche pas et Jacques retourne dans ses mauvais plans. Il va peu à peu devenir un des hommes les plus dangereux du pays et va faire tourner la tête d’une nouvelle demoiselle, une certaine Jeanne Schneider (Cécile de France)…Jusqu’où ira-t-il ?
Le premier mot qui vient à l’issue de la projection de ce premier volet est « Efficace ». Les 1h53 passent à toute vitesse et Vincent Cassel livre une flamboyante prestation. Il parvient à rendre ce salaud de Mesrine tout à fait fascinant. Car nous sommes là devant le portrait d’un homme étrangement libre. Jacques n’a aucune limite, il refuse de se plier à l’ordre établi, il se contrefout des lois et fait tout comme bon lui semble. Il fait la loi, séduit toutes les femmes qu’il désire, agit comme un gamin et se fait respecter comme un grand homme. Le Mesrine de ce premier épisode est dangereux et séducteur. Jean-François Richet pose les bases de l’histoire du personnage, nous montre comment il a basculé du côté obscur, tournant le dos à sa famille et à la première femme de sa vie. Les histoires d’amour et la relation de Mesrine aux femmes prennent d’ailleurs une place conséquente. Jacques est capable de les aimer (Sofia et Jeanne), de les respecter (Jeanne qui est quelque part une sorte de pendant féminin car elle aussi n’hésite pas à buter ceux qui se mettent sur son passage), de les défendre (il vengera Sarah, son amie prostituée défigurée par son maquereau). Mais il est aussi capable de les mépriser (sa mère qui ,a son goût, à trop de pouvoir sur son père), de les violenter (Sofia qui ne respecte pas ses choix et qui pour la peine se retrouvera avec un flingue dans la bouche !) Ce rapport au sexe féminin est emblématique de sa personnalité. Jacques Mesrine a quelque chose d’attachant, d’amusant mais il est aussi dangereux et capable du pire : il est incontrôlable.
De Paris au Canada nous suivons les aventures de cet homme souvent très violent. On croit déjà déceler un côté mégalo. Mesrine pense que rien ni personne ne pourra l’arrêter, c’est sans doute pourquoi il ne se refuse rien. Si L’instinct de mort fonctionne aussi bien c’est parce qu’il relève d’un savant dosage entre action et amour, entre un cinéma pop corn et un cinéma plus intimiste qui observe et tente de bien amener tous ses personnages. Le pari est difficile car la vie de Mesrine est bourrée de chamboulements, de moments forts, de femmes différentes. Ily a donc forcément un côté « catalogue ». Richet n’a pas le temps de s’attarder sur tous ses personnages et se permet parfois de les zapper très rapidement (Guido, Paul et Sarah disparaissent d’un coup alors qu’on commençait à peine à les connaître). Le réalisateur, comme Mesrine, ne semble pas vouloir regarder en arrière, il suit son récit, a soif de narrer de nouvelles aventures comme Mesrine était excité comme un gamin à l’idée de mettre en place un nouveau plan. Tout le casting assure, la mise en scène est un peu nerveuse, le portrait d’homme est assez complet. L’instinct de mort s’affiche donc comme un très bon divertissement, dynamique et réfléchi.
Sortie le 22 octobre 2008