Je profite d’une petite pause entre deux boulots pour me retaper une partie de ma collection DVD. Et ce matin, c’est un des deux films phares de John Woo qui y est passé. Hard Boiled et The Killer, tous deux avec Chow Yun Fat dans le rôle principal ont en leur temps redéfini ce que devais être un film d’action (P.S. : on peut aussi rajouter Une Balle Dans La Tête dans la liste des chef d’œuvres du bonhomme). Les américains ont beau avoir tenté de copier maintes et maintes fois ces deux films, aucun ne leur arrive à la cheville…
A tout épreuve – Même à l’épreuve du temps…
Honk Kong, le début des années 90. Tequila est un inspecteur de police expéditif aimant l’action. Il est à la recherche d’un boss du crime à l’origine de la recrudescence du trafic d’arme dans l’île. Il va petit à petit remonter une piste qui va l’amener à un flic infiltré luttant pour rester en vie entre guerre des gangs et exécutions sommaires…
Le cinéma de John Woo, c’est un concentré d’action virile et d’hommes aimant brandir leur arme sous le nez d’autres hommes… On peut y voir une métaphore ultra gay façon Têtu, mais j’y vois surtout le dernier réalisateur a avoir mis en exergue l’héroïsme, à une époque où le cinéma américain tombait dans l’auto caricature. John Woo signe avec Hard Boiled son dernier film hongkongais, brassant des thématiques déjà fouillées dans ces films précédents. C’est un film somme dont il n’arrivera jamais à ré atteindre le niveau… même dans le pourtant bon Volte-Face (en tout cas jusqu’ici… on verra bien ce que donne son futur Battle of the Red Cliff…)
Mais au-delà de l’inventivité de la mise en scène martiale, ce film c’est aussi l’apogée de la collaboration entre Woo et Chow-Yun-Fat, son alter ego de l’époque à l’écran. Sorte de Dirty Harris chinois, le personnage de Tequila est lui aussi un concentré de plein d’influences, un croisement entre Delon filmé par Melville (Woo se réfère tout le temps à sa filmo), Clint Eastwood pour le côté Hard Boiled, et cette rigueur martiale venue de Chine.
C’est aussi l’occasion de retrouver quelques têtes très connues du ciné HK. Tout d’abord Tony Leung, connu du grand public via In The Mood For Love, et des amoureux du ciné via le récent Infernal Affairs (remaké par Scorcese quasiment plan par plan dans les Infiltrés). Ensuite l’éternelle sale gueule du cinéma HK, ayant tourné dans nombre de films déviants, jamais aussi bon que dans un rôle de méchant : Anthony Wong. On peut également citer Philippe Kwok dont c’est une des rares apparitions à l’écran, et que Christophe Gans ira chercher des années plus tard pour régler les chorégraphies de son Pacte des Loups (avec David Wu, monteur sur Hard Boiled).
Ce qui fait que ce film est génial, c’est avant tout le carnage général. Que ce soit dans une scène d’intro dans un salon de thé, l’attaque d’un entrepôt ou toute la démesure de la scène finale de l’hôpital, John Woo sacralise les flingues et ceux qui les portent. A la fois danger et instrument de pacification, ils sont à la fois arme et armure (car permettant de se défendre). Personne d’autre que Woo ne sait ainsi filmer les armes… Une espèce de fascination étrange qui arrive de plus à faire saisir toute l’étrange ambivalence de ces objets…
Mais Hard Boiled c’est aussi la flamboyance de certains plans. A l’époque, les cascadeurs hongkongais étaient les plus tarés (ils sont depuis dépassés par les thaïs… voir Ong Bak ou Born to Fight pour s’en convaincre !) et ils multiplient les prises de risque pour des plans hallucinants. Voitures qui explosent sous l’impact d’un shotgun, pendant que Tony Leung les traverse, plan séquence hallucinant de quatre minutes ou Chow-Yun-Fat et Tony font le ménage sur deux étages d’un hôpital en flinguant tout sur leur passage, ou bien encore dans un registre plus intimiste, Tony Leung qui arrive à rire et à pleurer en même temps sur un plan qui fait mouche…
Ce film a donné son droit d’asile à John Woo à Hollywood, mais il a également été un repère pour nombre de productions américaines. Beaucoup ont tenté de copier son style (ralentis, un flingue dans chaque main, munitions quasi illimitées, grand nombre de mort à la seconde, omniprésence des oiseaux)… mais aucun n’y est arrivé avec succès. John Woo lui-même n’est arrivé qu’à se parodier en s’y recollant plus tard (voir par exemple le pathétique passage des colombes via une porte enflammée dans Mission Impossible 2…)
Pour tout amateur de film d’action, ou souhaitant comprendre d’où vienne ses influences, A Toute Epreuve est un film indispensable, qui se permet en plus le luxe de ne pas avoir trop vieilli. Seul Bad Boys 2 est arrivé à le dépasser question bourrinage, mais avec quand même beaucoup moins de classe, un script raté et des acteurs franchement moins bon. Vous voulez voir le meilleur film d’action réalisé ? Regardez À toute Epreuve ! (ou The Killer du même John Woo… savoir lequel des deux est le meilleur est un débat sans fin entre afici