J'ai
senti, au début de la lecture de ce roman, une exaspération
me gagner rapidement.
Mais
qu'est-ce que veut donc Duhamel (me disais-je) ? Chanter les
beautés de la petite bourgeoisie dans une langue simple, en
adoptant une position narrative plaintive et complice ? Célébrer
les mérites d'une société médiocre qui
permet, en deux ou trois générations, à des
arrière-petits-fils de paysans de devenir notaires provinciaux
ou médecins ? Nous engluer dans des histoires étroites
d'héritage, de sous, de minuscules réussites
sociales ?
De
tout ça venait une impression d'étroitesse, de mesure
bourgeoise, de petitesse satisfaite.
La famille des
Pasquier est agaçante. Un père un peu fantasque, avec
quelques colères homériques, mais si travailleur !
La mère parfaite, elle, qui coud, ne se plaint jamais. Les
garçons vont réussir, on le devine. Ils seront la
matière, si j'ai bien compris, de la Chronique des
Pasquier, dont Le Notaire du Havre est le premier volume,
et qui avait rendu Duhamel célébrissime jadis.
Heureusement,
la famille déménage et là, ça devient
intéressant. A cause de leurs voisins. Les Wasselin d'abord.
Théâtraux, cabotins, hurleurs. Le père maudit ses
aînés, les renie, bat le dernier, Désiré,
détourne de l'argent. Les Courtois ensuite. Retraités
dont le mari sombre dans la démence.
Enfin
ça devient tragique. Wasselin finit en prison, Désiré
se pend, les Pasquier ont perdu tout l'argent sur lequel ils
comptaient.
Duhamel
a une étiquette publique d'humaniste dont l'idéal
était l'ordre et la paix. Bon, il y a du boulot. Dans la
suite de la chronique, peut-être...
Duhamel, Le notaire du Havre, Folio