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En toute simplicite . . .

Publié le 22 septembre 2008 par Osmose

La simplicité s'oppose ordinairement à la complexité (ce qui est simple, c'est ce qui n'est "pas compliqué", pas ambigu) et à la multiplicité (ce qui est simple, c'est ce qui est un). Les deux aspects sont d'ailleurs liés, complications et ambiguïtés ne pouvant survenir que là où intervient une pluralité d'aspects ou d'éléments.
Pourtant, il se pourrait bien qu'il faille distinguer au moins deux grandes formes de simplicité ; et du coup, d'une façon à la fois logique et un peu paradoxale, ni la compréhension ni la mise en pratique de la simplicité ne seraient une affaire simple...

La première forme de simplicité consiste dans le caractère immédiat de ce qui détermine la conduite et la pensée ; en ce sens, ce qui est simple, c'est ce qui est tout "naturel", ce qui va de soi, ce qui s'impose comme seule possibilité.

Ainsi la vie de l'animal est-elle simple, en ce sens qu'elle est tout entière orientée vers quelques buts très peu nombreux, et que l'animal est pourvu d'emblée, immédiatement, des moyens nécessaires pour les atteindre.

Sans doute cette grande simplicité de la vie est-elle rendue possible par le bon fonctionnement d'organismes qui sont, en eux-mêmes, d'une extrême complexité... mais cette dernière est pour ainsi dire oubliée, laissée de côté par le vivant, elle n'est ni élaborée ni prise en charge par lui.

De façon analogue, dans l'ordre de la pensée, la simplicité consiste d'abord dans l'engendrement et l'expression d'opinions, c'est-à-dire de pensées reflétant immédiatement des désirs ou des "faits" perçus comme "évidents", s'imposant tout "naturellement".

Pourquoi se "compliquer la vie" alors que le bien (ce qu'il faut faire) et le vrai (ce qu'il faut penser) s'imposent d'eux-mêmes, et qu'il suffit de les voir et de les suivre aussi immédiatement qu'ils se donnent eux-mêmes ?
L'homme, et tout spécialement le philosophe, serait cet être étrange qui aurait l'art de créer de toutes pièces des complications, alors qu'en fait tout pourrait et devrait être si simple...

La sagesse, d'ailleurs, ne consiste-t-elle pas à rejoindre l'extrême simplicité par-delà le fouillis des faux problèmes et des "tabous" ? D'Épicure à Rousseau, bien des penseurs ont lancé des exhortations allant dans ce sens ; et chaque fois la "nature" est invoquée comme modèle et comme caution...

Il suffit pourtant de se demander si "être sage" et "vivre comme un animal" sont bien une seule et même chose, pour s'apercevoir que cela est loin d'être si simple.

Certes, on peut penser que la perfection du comportement consiste à discerner et à respecter l'essentiel, en écartant le superflu, le surajouté, l'artificiel ; et certes, la perfection de la pensée réside sans doute dans une compréhension du vrai ayant la forme d'une intuition accueillant une évidence, plutôt que dans un cheminement laborieux et plein de détours au milieu d'innombrables raisonnements.

Mais dans un cas comme dans l'autre, la simplicité ne peut être atteinte que comme un résultat (bien loin d'être immédiate et première), résultat obtenu non pas en écartant la complexité mais en passant par elle et en la surmontant de l'intérieur. Il faut vivre simplement en s'en tenant à l'essentiel : fort bien ! Mais qu'est-ce qui est vraiment essentiel ?

Les besoins organiques ?

Alors la simplicité, c'est l'animalité et son impitoyable violence.

C'est plutôt vivre sans le souci d'avoir et en privilégiant l'être, dignement, dans le respect et si possible dans l'amour, dira-t-on par exemple ; mais qu'est-ce donc en vérité que la dignité, que respecter, qu'aimer ?

Est-ce "évident" ?

La frontière entre l'avoir et l'être saute-t-elle toujours aux yeux?

Il faut saisir le vrai par intuition sans se laisser égarer et torturer par l'entendement: excellent ! mais comment distinguera-t-on entre l'apparence et l'apparition, entre la pseudo évidence qui masque le vrai et l'évidence comme pleine manifestation de celui-ci ?

La vraie simplicité ne pourrait être obtenue que par rassemblement, digestion, unification de l'infinie complexité du travail de la raison, que celle-ci soit "théorique" ou "pratique".

C'est la simplicité du sage ou du dieu (voire de Dieu), non celle de la bête – dont le nom est aussi synonyme de stupidité. Tiraillé et errant quelque part entre les deux, l'homme a peut-être pour lot de ne pouvoir jamais atteindre à la simplicité, tout en ayant le devoir de toujours éviter le simplisme.
En toute simplicité si l'on peut dire.......! ( sourire..)


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