Les concentrations de population faisant suite à la révolution industrielle ont posé très tôt la question du logement ouvrier. Face aux conditions de vie déplorables de familles entières, entassées dans des taudis, au bord du gouffre de la misère et sous la menace des épidémies, des voix se sont élevées. Des industriels d'abord, à Mulhouse et ailleurs, puis des hommes de l'art, et enfin des philanthropes soucieux d'hygiène ont constitué un mouvement qui visait à améliorer l'habitation ouvrière.
La dernière décennie du XIXe siècle a consacré l'essor de ce qu'on appelle désormais les habitations à bon marché, qui furent aussi les premiers logements sociaux, suivant le principe que tout travailleur a droit à un logement décent et sain, gage de son bien-être et de son insertion sociale.
Les initiatives se sont multipliées, prenant la forme de sociétés anonymes ou de coopératives : un bouillonnement d'idées et d'expériences qui se sont concrétisées par des constructions variées, de la maisonnette individuelle à l'immeuble collectif. Quelques traits communs ont caractérisé ces réalisations : utilisation de matériaux solides et sains, bien qu'économiques ; un soin particulier pour la distribution des logements, progressivement dotés des meilleures avancées de l'hygiène (douches ou lavoirs) et parés d'un décor sobre mais élégant par respect de la dignité des habitants.
(d'après la présentation de l'éditeur)
"Les premiers logements sociaux en France", par Youri Carbonnier (Les entreprises sociales pour l'habitat), la documentation Française, 2008, 288 pages.