Le visage à 90°, les yeux mi-clos, les pupilles quasi invisibles, la bouche entr’ouverte, est-ce la mort ? ou la petite mort ? La vidéo de l’Egyptienne Amal Kenawy présentée au sous-sol de la galerie LA BANK jusqu’au 31 octobre est une composition de photos et d’aquarelles. Sur le visage de l’artiste, immuable ou presque, se superposent des dessins, des plans, des taches de couleur, des coulures violacées, des insectes, des volumes, Vénus sortant des eaux même. Son visage est cadré, encadré, dévoré, habité, rongé, il est strié par des chevelures pendantes, des petites têtes coupées, renversées. Le son a la même stridence que l’image, brutale, envoûtante. C’est un rite mystérieux, incompréhensible, macabre, obsessionnel. On voudrait décoder, décortiquer, comprendre, analyser les symboles qui fulgurent, parler de féminité et de blessure, d’histoire et de fantasmes, de violence et de peur. Et puis on renonce à trop penser, trop analyser, on se laisse emporter par la force et la beauté de cette vidéo, You will be killed.
Une autre vidéo, Empty Skies, plus douce, plus tranquille se regarde à travers le jet d’eau d’une fontaine; le clapotis de l’eau se conjugue au son métallique de la vidéo, et les gouttes d’eau déforment et fragmentent la vision de l’écran.
Et les photos de l’artiste en robe blanche, angélique sont aussi empreintes de cette poésie étrange qui sait si bien toucher nos sens et résister à notre esprit.Photos 1 et 2 de l’auteur, photo 3 courtoisie de la galerie.