Lettre ouverte à Monsieur le préfet de police de Paris
Monsieur le préfet,
Nous revenons vers vous, publiquement, pour interpeller sur le sort d’un jeune homme qui a vécu 7 ans dans le centre de Paris et qui en a fréquenté les établissements scolaires.
Il a 22 ans. Il a suivi avec succès sa première année de BTS comptabilité. L’entreprise qui l’a accueilli en alternance veut poursuivre pour sa deuxième année et lui donner un CDI dès la fin de ses études. Il est fiancé et il veut se marier avec son amie. Ils étaient prêts à déposer le dossier complet à leur nouvelle mairie de résidence. Un avenir assuré. Mais…
Hélène est Française, infirmière. Abdelkarim est Tunisien, sans-papiers, en instance d’expulsion. Leur avenir est entre vos mains.
Pourtant, le père d’Abdelkarim en a, des papiers : une carte de résident, comme plusieurs oncles et cousins d’Abdelkarim, quand ils ne sont pas de nationalité française. Son père vit en France depuis février 1973. Il habite le 2e arrondissement de Paris. Il a fait venir Abdelkarim avec un visa et il a multiplié les démarches pour obtenir la régularisation de sa situation administrative : demande de regroupement familial, demande de titre « étudiant » lorsqu’Abdelkarim a atteint l’âge de la majorité, demande de titre de séjour « vie privée et familiale »… En vain.
Arrêté place de la Nation le 20 août lors d’un banal contrôle d’identité, Abdelkarim Bel Hadj s’est vu délivrer par la préfecture police un arrêté de reconduite à la frontière et il a été placé en rétention au Mesnil Amelot le 21 août. Le Consulat de Tunisie vient de délivrer le laissez-passer qui peut permettre de l’expulser d’ici lundi prochain, date au-delà de laquelle il ne peut être légalement maintenu en rétention.
Nous nous joignons aux proches d’Abdelkarim : sa fiancée Hélène, son père, son futur employeur, ses enseignants et camarades de classes, tant actuels qu’anciens du collège César Franck (2e arrondissement) du lycée professionnel Théophile Gauthier (12e arrondissement) et du lycée François Truffaut (3e arrondissement), le Réseau éducation sans frontières et les Amoureux au ban public pour vous demander l’abrogation de l’arrêté de reconduite, la libération d’Abdelkarim, et l’examination de sa demande de titre de séjour !
Tout, sa scolarité, son devenir professionnel qui est assuré, ses relations familiales et affectives, montre que l’avenir de ce jeune homme, qui n’a cessé de tout faire pour s’intégrer à notre société, est en France.
Martine Billard, Députée de Paris ; Jacques Boutault, Maire du 2e arrondissement ; Pierre Schapira, Député Européen, Adjoint au Maire de Paris ; Roberta Bernard, Adjointe au Maire du 2e arrondissement ; Jean-Paul Maurel Adjoint au Maire du 2e arrondissement ; Sylvie Wieviorka, Adjointe au Maire du 2e arrondissement, Conseillère Régionale ; Dominique Dussart, 1ère Adjointe au Maire du 2e arrondissement ; Camille Montacie, Adjointe au Maire de Paris.