Par exemple, récemment, le parlement français a présenté un projet de loi pour le Revenu de Solidarité Active (RSA). Ce projet, dont la philosophie me paraît saine (il s'agit de financer le retour à l'emploi des personnes les plus défavorisée) a été présenté sur un mode de financement très étrange : les revenus du capital seront taxés à 1,1%, mais tout le monde ne paiera pas : les plus riches, ceux qui sont soumis à l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF) n'y seront pas assujettis, notamment grâce au fameux "bouclier fiscal" qui limite la taxation des plus riches (et qui a fait changer d'avis Johnny Halyday après sa délocalisation en Suisse).
Cela revient à dire que tout le monde ne doit pas contribuer de la même manière à l'effort social, et qu'une catégorie de la population n'est pas concernée. En fait, ce sont les classes moyennes qui sont visées.
Bon, mon but n'est pas de parler du système français mais bien d'expliquer pourquoi en Suisse une telle loi aurait peu de chances de passer. Voilà ce que j'en pense :
1 - La Suisse est une démocratie directe : contrairement à la France où le peuple ne décide finalement de pas grand chose, c'est bien le peuple suisse qui décide tout, du moins qui accepte ou refuse par référendum les propositions de loi du Parlement. Il n'est pas du tout certain que le peuple suisse, profondément démocratique, accepterait une telle proposition de loi basée sur ce mode de financement.
2 - Plus simplement, le faible taux de chômage du pays (moins de 3%) ne nécessiterait pas qu'on prenne une telle mesure. Bien sûr des personnes en Suisse sont concernées, mais l'ampleur n'est pas la même qu'en France, et les finances suisses bien meilleures.
3 - Historiquement, le peuple suisse a prouvé qu'il était responsable, et que surtout il était capable de mettre de côté ses convictions personnelles pour le bien de la collectivité (en refusant, par exemple, une baisse d'impôts).
Dans un pays où les working poor sont de plus en plus nombreux, il ne serait pas raisonnable d'imposer encore davantage une classe moyenne, au risque de la fragiliser.
Et vous, pensez-vous que le peuple suisse voterait une telle loi ?
Sortie de la deuxième édition de Travailler et vivre en Suisse : guide pratique pour les résidents et frontaliers