Ce déchaînement médiatique m'a rajeuni. Je me suis cru revenu vingt-huit ans en arrière quand Ronald Reagan s'est présenté aux suffrages pour être élu Président des Etats-Unis. Les média, qui n'ont décidément pas beaucoup changé, soulignaient alors que Ronald Reagan était un acteur de série B, qu'il n'avait aucune compétence pour occuper la fonction suprême. Les faits leur ont apporté un démenti cinglant et ... réjouissant.
Aujourd'hui les média soulignent avec gourmandise qu'elle a été première dauphine de Miss Alaska et qu'elle n'est pas bien à l'aise en leur présence - évidemment elle n'est pas de leur monde -, bref que, si elle a encore un joli minois, la quarantaine passée, elle a un petit pois à la place du cerveau et qu'elle n'a donc aucune compétence pour occuper la Vice-Présidence. Compte tenu du précédent, j'aurais tendance à penser que les médias se trompent une fois de plus.
Ce déchaînement a redoublé avec le discours que la candidate a prononcé le 3 septembre lors de la Convention républicaine ( ici en version orale et ici en version écrite). Il faut dire que, dans ce discours, elle dit fermement tout ce que les média ne supportent pas d'entendre de la part d'une femme de notre époque, dont ils ont une image stéréotypée et féministe, qui ne colle évidemment pas avec cette femme représentative de l'Amérique profonde, une Amérique qu'ils détestent ...profondément, obsessionnellement comme dirait le regretté Jean-François Revel.
Le ton est donné dès le début de ce discours : "J'accepte d'être aux côtés de celui qui a été nommé candidat pour être président afin de servir et de défendre l'Amérique. Et j'accepte le défi d'une lutte âpre contre des adversaires confiants à une heure cruciale pour notre pays. Et j'accepte le privilège de servir avec une homme qui s'est sorti de missions plus dures, qui a relevé de bien plus sérieux défis, qui sait comment d'âpres luttes sont gagnées, le prochain président des Etats-Unis, John S. McCain".
Après avoir fait l'éloge de ce dernier, qui a porté l'uniforme pendant 22 ans, et a toujours eu foi dans les soldats américains envoyés en Irak, elle se décrit dans des termes à faire frémir l'intelligentsia : "En tant que mère d'un de ces soldats, c'est exactement le genre d'homme que je souhaite comme commandant en chef. Je suis juste une de ces nombreuses mères qui diront une prière supplémentaire chaque nuit pour nos fils et nos filles en danger. Notre fils, Track, a 19 ans. Et, dans une semaine demain, le 11 septembre, il se déploiera en Irak, avec l'Armée de terre, au service de son pays".
Pis. Elle est mère de famille nombreuse, 5 enfants, dont le cinquième est né cette année: "Nous avons été bénis en avril. Todd (son mari) et moi avons accueilli au monde notre petit dernier, un tout à fait ravissant petit garçon prénommé Trig". Il faut savoir que le petit Trig est né trisomique, que sa maman l'a su avant sa naissance et qu'elle n'a pourtant pas avorté, comme toute femme digne de ce nom (pour les média) l'aurait fait. Il faut savoir également que sa fille de 17 ans, Bristol, est enceinte et qu'elle gardera également son enfant. Cette famille pro-vie, donc détestable aux yeux des média, est conséquente avec elle-même.
Cela fait 20 ans qu'elle connaît son Todd de mari qui est "une histoire à lui tout seul. Il a une longue vie de pêcheur professionnel et d'employé de production sur les champs de pétrole du North Slope, en Alaska, et de fier membre du Syndicat des travailleurs de l'acier. Il est également champion du monde de motoneige. Ajoutez à cela qu'il a des ancêtres esquimaux. Ce qui fait un sacré package. Nous nous sommes rencontrés au lycée. Deux décennies et cinq enfants plus tard, il est toujours mon homme". En plus elle est fidèle et n'est même pas divorcée...
Elle fait l'éloge des petites villes, c'est-à-dire de l'Amérique profonde, détestée par les média etc. Les habitants de ces villes "sont ceux qui font une partie du travail le plus dur en Amérique, qui font pousser notre nourriture, qui dirigent nos usines, et font nos guerres. Ils aiment leur pays dans les bons et les mauvais moments, et ils sont toujours fiers de l'Amérique." Cette femme inexpérimentée, et incompétente, avant d'être gouverneur de l'Alaska, comme Reagan l'a été de la Californie, a été maire d'une de ces petites villes : l'abomination de la désolation ! Ma chère, elle n'a même pas vécu à Washington ou à San Francisco !
Sa conception de la vie politique est exécrable : "Les Américains espèrent que nous allons à Washington pour une juste cause et non pas pour nous mêler à des gens bien comme il faut. La politique n'est pas un jeu de fêtes dissonantes et d'intérêts concurrents. La juste cause est de défier le statu quo, de servir le bien commun, et de laisser la nation en meilleur état que nous ne l'avons trouvée".
En Alaska, cette femme incompétente a réduit les impôts : "Je suis venue à ce poste en promettant de contrôler les dépenses, sur demande si possible, par veto si nécessaire". Et elle a mis ce programme à exécution. Entre autres, elle a l'outrecuidance de critiquer sur ce point Obama : "L'Etat est trop grand. Il veut l'accroître. Le Congrès dépense trop d'argent, il promet de le faire davantage. Les taxes sont trop élevées, et il veut les augmenter. Ses augmentations d'impôt sont en petits caractères dans son programme économique."
J'ose à peine vous dire ce qu'elle pense du réchauffement climatique. La malheureuse ne croit pas plus que Marcel Leroux ou Jacques Lévy, et bien d'autres qui n'ont pas droit à la parole, que l'homme en soit responsable par ses émissions de CO2 (voir mes articles Mort du climatologue dissident Marcel Leroux et La note discordante de Jacques Lévy sur le réchauffement ). Cette hockey mom est décidément insupportable.
Aussi les média, et les Démocrates, cherchent-ils à attacher des casseroles à ses basques. Dans un premier temps ils semblent y parvenir. Dans un second ces casseroles n'apparaissent que ce qu'elles sont : des baudruches qui se dégonflent. Il y a de fortes chances pour que ces tentatives pitoyables se retournent contre leurs instigateurs, qui trouvent, pour leur honte, des relais complaisants dans nombre de journaux européens.
Francis Richard