Avec un résultat décevant aux élections sénatoriales dans l'Eure, le Parti socialiste doit s'interroger sur la stratégie qu'il a proposée et la campagne qu'il a menée. En ne présentant pas de liste socialiste avec trois candidats et trois suppléants, le PS s'est engagé dans une voie incompréhensible. Il eût fallu un ticket simple tel celui qui avait été désigné par un vote des militants à l'automne dernier. Je veux bien entendre qu'on ne connaissait pas, alors, le sort des élus candidats aux municipales et aux cantonales mais rien n'empêchait de demeurer sur une ligne claire alors que l'offre de deux tickets individuels et d'un 3e candidat non PS a entrainé une cacophonie avec les PC-PRG-Verts dont la brutalité n'a eu d'égale que l'impuissance.
Le bilan pour la gauche est du genre calamiteux. Jean Louis Destans avait l'étoffe d'un élu de la nation quand Hervé Maurey a, lui, la chance d'être dans les petits papiers d'Hervé Morin qui évoque « le désaveu des maires vis-à-vis de la politique du département. » Hervé Morin a perdu une occasion de se taire. Il a tort de mélanger les torchons et les serviettes. Ce qui a été condamné, ce n'est pas la politique du département. Le résultat est du au mode de scrutin qui avantage les communes rurales au détriment des villes. L'Eure demeure un département conservateur. Il est sociologiquement de droite et le vote sénatorial est là pour le rappeler. Quant au candidat du PRG, il a recueilli les voix de ceux qui ne voulaient pas être venus pour rien (il n'y avait que deux socialistes en lice) les Verts, eux, ont littéralement explosé avec 2,9 % des suffrages.
Honnêtement, il fallait appartenir au camp des optimistes déraisonnables pour croire que dans l'Eure, en 2008, au scrutin majoritaire des élus, un candidat de gauche, fût-il le président du conseil général, pouvait devenir sénateur. Ce qui choque, c'est l'écart important qui sépare Jean Louis Destans d'Hervé Maurey. Même si la Gauche progresse (en comparaison du dernier scrutin sénatorial) il y a encore du chemin à faire pour espérer gagner un siège. C'est la leçon du 21 septembre : ne pas troquer ses idées, son idéal, ses objectifs pour un plat de lentilles bien hypothétique. La politique doit se faire dans la continuité des choix assumés collectivement et définis sur les bases historiques et sociologiques du Parti socialiste rénové. Le congrès de Reims, tel que je le sens, devrait d'ailleurs ouvrir la voie à une majorité nettement à gauche. On en a besoin à l'heure des ruptures sarkozystes et de la crise mondiale.
Dans l'Eure, l'axe Morin-Le Maire se met en place. La gauche, toute la gauche, doit prendre cette menace très au sérieux. Bruno Le Maire, député d'Evreux, ex-directeur du cabinet de de Villepin, veut devenir l'homme fort de la droite. Morin devra s'en accommoder ou engager le fer. Les socialistes, eux, doivent absolument s'organiser de manière efficace et rationnelle pour contrecarrer les projets de ce tandem qui voit l'avenir en rose. Mais sans le poing de notre logo.