Ca se passe dans une banque. Longue attente pour cet octogénaire se déplaçant difficilement avec des cannes et la dame qui l'accompagne. Et puis le guichet qui s'ouvre à lui. Enfin. Ca parlemente. La banquière veut lui donner une carte bancaire dont il n'a que faire. L'employée insiste. Il refuse. Elle insiste. Il refuse. Et puis soudain lâche, la voix forte et tremblottante à la fois :
Mais vous savez ce que je veux, moi, madame ? C'est partir. Partir d'ici. J'en ai marre. J'attends qu'il vienne me prendre. J'espère juste que la haut, il y aura une place pour moi, parce qu'avec tout le monde qu'il y a, je suis pas sûr d'avoir une place ! Alors votre carte, vraiment. Moi, j'veux savoir ce que j'ai sur mon compte, et depuis quand.
Grand silence dans l'agence. Palâbres, ensuite, pour essayer de répondre à la requête de l'homme. Car pour les comptes... il faut prendre rendez-vous. Et lui ne pige pas. Je suis là, il dit. Ca fait des plombes qu'il attend. Une collègue est appelée à la rescousse. Ca regarde des ordinateurs. Ca demande les disponibilités de l'ancien. Qui dit dites-moi votre jour, à qui on lui demande ce qui l'arrange, et lui de répondre qu'il est là. Qu'on a qu'à faire ça tout de suite. Cela fait des semaines qu'on essaie de vous joindre, précise son accompagnatrice. Silence gêné. Né dans l'ordinateur, encore. Finalement, il sera reçu.