Lorsque la nuit retombe
le jour ayant épuisé son crédit
et que les feuilles, soufflées
par le vent de la nuit,
ne savent plus pourquoi
ni comment
je remue la douleur
(les débris de la vie
pataugent au fond d'un verre)
Première promenade nocturne
sans toi
sans le poids du malheur malade
sans le poids du bonheur
j'ai envie de te serrer fort
je ne peux pas
j'ai peur
il faut cette distance de nos coeurs
pour revoir la couleur
à l'horizon
ressentir la douceur de l'air
sur le chemin
le poumon pur
sans cette limaille d'amour
cette plaie qui suppure
guérira sans ta main
qui l'enveloppait d'une étoffe
semblable à la mort
et la chérissait
sur mon ordre insistant
vaguement dissimulé par l'apparente
soumission de mon être
je guérirai
au long des danses vacillantes
des faux chants de victoire
des routes pavées de lames
l'écaille du mal
je guérirai
et toi de ton côté
seule avec tes fautes
et les miennes
tu croiras perdre la vie
à raison
puis au sortir d'une ruelle
très longue et sale
que tu auras crue interminable
éternelle
tu riras
alors dans les ciels
les grands oiseaux de l'amour
reviendront à tire-d'aile
et de nos cendres ressassées
trop longtemps et trop mal
malaxées sous nos mains désireuses
de connaître le vrai fond
d'accomplir le rituel
de nos sexes débordant
nous ferons un diamant
je reviendrai
tu seras là
rien ne s'efface sous le chiffon
de tes larmes --
et des miennes
tapies derrière le masque épais et froid
de l'homme désincarné
contemplant de sa tour
l'étroite distance
calculant l'espace à mettre
entre nos corps aimantés
voulant encore
comme les pièces d'un puzzle
s'encastrer --
rien ne s'efface et nous saurons
retrouver le fil de notre amour
j'y crois
il sera temps
nous accrocherons nos vêtements
à la haute patère du soleil
et nus nous reprendrons
nos ébats
à l'instant même où nous avions
suspendu cet envol
sans accroc dans la toile
de ce qui semble être
le destin
aujourd'hui il ordonne
que je lâche ta main
et marche seul, loin
mais je reviendrai
et tu seras là
rien ne s'efface sous le chiffon
de tes larmes et des miennes
car je t'aime et ce n'est pas
quelques barrières chichement dressées
quelques subtils détours
qui m'empêcheront de revenir
placer mes pas dans ta course
et toi aussi
tu guériras
hamster doré
la plus grande part
de ma joie
tu guériras
tu guériras
et si je devais faillir
ce ne serait qu'un mauvais rêve
rappelle-toi
l'effort à faire
les nuits de poix
tu balayeras
ces fragments froids
tu sauras
prendre la chance
de devenir...
et je reviendrai
car tu seras là
et nous saurons poursuivre
le fil de notre amour
tressé de flammes
et si je me trompe
qu'importe
la vie