À 10 jours de son déplacement à l'Alliance Arena de Munich, le Werder Brême a montré à l'Olympique Lyonnais comment il faut faire pour battre l'équipe de Jurgen Klinsmann. Pas de secret, il faut jouer au ballon.
70 minutes, c'est le temps qu'il a fallu au Werder pour mener 0-5 sur la pelouse du Bayern Munich lors de cette 5è journée de Bundesliga. Les hommes de Thomas Schaaf ont soufflé le chaud et le froid cette semaine après le pathétique 0-0 concédé au Weserstadion contre l'Anorthosis Famagouste en Ligue des Champions mercredi. Comment joue le Werder ? Avec un 4-4-2 en losange façon années 80, mais qui tend à revenir de plus en plus au goût du jour en Europe. D'ordinaire Thorsten Frings (le capitaine) est le seul milieu récupérateur (Franck Baumann hier) tandis que Diego occupe un poste de meneur de jeu derrière deux attaquants (Rosenberg et Pizarro). Le Danois Daniel Jensen occupe le côté droit tandis que Aaron Hunt et Mesut Özil alternent dans le couloir gauche. Intronisé sur le banc bavarois l'été dernier, Jurgen Klinsmann a chamboulé les habitudes souhaitant faire évoluer son équipe en 3-5-2. Système qui demande beaucoup (peut-être trop) aux deux latéraux Philipp Lahm et Christan Lell. La charnière centrale Van Buyten-Demichelis-Lucio brille davantage par son impact physique qu'autre chose tandis que Michael Rensing doit encore trouver ses marques avant de prétendre faire oublier Oliver Kahn. Le premier but de Brême montre bien qu'avec de la vitesse, le trio est vite aux fraises comme sur le premier but de Markus Rosenberg lancé parfaitement dans la profondeur par Özil. En deux passes, le Werder a passé 10 joueurs bavarois. (0-1, 30è) Comme dans du beurre.
La deuxième but et inscrit sur un tout autre exercice : Sur coup de pied arrêté. Mesut Özil, encore lui, jouait pour une déviation d'un des ces quatre partenaires qui suivaient le ballon à l'entrée des 5,50 mètres (pour un seul rouge et blanc). Le ballon rebondissait devant Rensing qui repoussait dans les pieds du Ronaldo de service, Naldo celui-là, et défenseur en plus, histoire d'ouvrir son compteur perso cette saison (0-2, 45è).
12 minutes de carnage collectif
Thomas Schaaf a eu le mérite d'éviter tout relâchement de son équipe au retour des vestiaires. On le suppose en tout cas. Mener par deux buts d'écart c'est bien, mais bien qu'indisposé, le Bayern a toujours les moyens de recoller au score soit sur coup de pied arrêtés, soit sur un grigri personnel d'un Schweinsteiger, Podolski et autre Toni (plus dur pour lui quand même). Les derniers matches niçois et lyonnais expliquent bien la dérive d'un tel score. D'ailleurs Klinsmann sortait Lell pour Massimo Oddo et surtout van Buyten pour Tim Borowski pour densifier son milieu et arrêter cette impression bizarre d'un Bayern franchement coupé en deux entre attaque et défense. Rien ne changeait. Après deux passes décisives, Mesur Özil marquait son but, sur une passe de Diego, et dépoussièrait la lucarne de Rensing. Klinsmann se sentait seul...
En bon ancien joueur revanchard après son flop à Chelsea (21 matches, 2 buts), Claudio Pizarro se rappelait aux souvenirs des locaux en bénéficiant d'un bon appel de Rosenberg sur le côté droit de la surface de Rensing. Le Suédois résistait au retour de van Bommel pour servir le Péruvien qui devançait le tacle par derrière de Philipp Lahm pour glisser le ballon sous le bras du gardien (0-4, 58è). Sur l'appel de balle de Rosenberg provocant la passe de Diego, l'absence de pressing à 35 mètres de ses propres buts et les fosses abyssales de la ligne défensive laisse de marbre. À 4-0, à l'heure de jeu, le Werder tient sa victoire. Il a fallut une mi-temps entière à Marseille pour remonter de dépasser les quatre buts de Montpellier au Vélodrome en août 1998... D'autant que, très en vue samedi après-midi, Markus Rosenberg s'offrait un doublé en reprenant un ballon que Rensing manquait de dégager des deux points (mais pas la tête de Baumann) sur un coup franc en forme de corner de Diego. 1,2,3,4,5-0 c'est la plus large déculottée du Bayern dans son nouveau stade et dans l'ancien il n'y a pas dû en avoir beaucoup de semblable.
Le doublé anecdotique de Borowski
Massimo Oddo et Lucas Toni permettaient à Tim Borowski de s'offrir un doublé bien qu'étant entré à la mi-temps. Sur les deux buts, la défense du Werder est extrêmement relâché. Oddo a tout le temps d'effectuer son centre en retrait tandis que personne ne conteste le ballon à l'Italien lorsqu'il remise pour l'Allemand (enfin si, Boenisch qui perd largement son duel et fait davantage faute qu'autre chose). Sur ces deux buts du Bayern, le schéma est semblable. Longue préparation, large ouverture, remise à l'entrée de la surface et frappe du milieu bavarois.
Coup de pied arrêté, recherche de la profondeur, défaillance du gardien et de la défense, le Bayern Munich a craqué dans toutes les phases de jeu pouvant directement amener un but. Nul doute que Claude Puel s'est plongé dans la vidéo du match et y a découvert encore d'autres raisons d'être optimiste en vue du déplacement lyonnais du mardi 30 septembre. Mais forcément, une telle défaillance collective et individuelle ne se reproduira pas chaque semaine. Franck Ribéry et Miroslav Klose ne seront pas toujours absents non plus.
Au classement, Le Werder remonte à la 4è place avec 8 points en 5 journées tandis que le Bayern recule à la 5è place avec le même nombre de points, mais avec une différence de buts inférieur (+5 contre +3).
Le football allemand est-il en danger ?