Un jour, un ami douanier tahitien m’a fait découvrir la zone sous douane du Port de Papeete. Univers étrange, ville dans la ville avec ses barbelés, avec ses grilles de protection, ses postes de garde, avec ses chiens de garde, ses vigiles, ses buildings de containers multicolores et rouillés en provenance du monde entier, formant des canyons d’acier rouillé et patiné par les pluies et les coups de soleil. Un parc automobile titanesque qui attend d’être déversé sur les 120 kilomètres de la route de ceinture,et qui a eu le malheur d'ête stocké en zone sous douane en attendant que leurs proprioétairs nouveaux candidats àpour Tahiti, ne payent les taxes énormissimes d'importation, dépotage, ta&xe; sur la taxe et autres plus values quxquelles on ne s'attendait pas en confiant nos véhicules aux transporteurs internationaux de tous poils!!!
On dit aussi que l’on importe à Tahiti 3000 véhicules par an, soit une colonne de 12 kilomètres supplémentaires qui viennent se joindre aux files ininterrompues du matin et du soir, transhumances* bi-quotidiennes vers la Capitale. Une fois passée ce quasi no man’s land, on découvre des bateaux sans âge ficelés au quai, tous distants de quelques centaines de mètres les uns des autres, car on ne mélange pas les bateaux chinois, Coréens, Japonais, ils s’étriperaient. Ils sont en zone sous douane, bourrés de marins qui n’en descendront pas et surtout ne s’en échapperont pas, et pour caus e ils n’ont pas de passeport, Des vaisseaux fantômes, tout corrodés par d’innommables traversées, pelés, défigurés, suintant la rouille et la misère. Les marins, terrassés par l’humidité sont vautrés sur le pont, affalés dans les cordages, les radeaux de survie, certains sont de corvée de peinture et rapiècent la coque, créant à leur insu d’incroyables tableaux surréalistes… de tout jeunes matelots fument à perdre haleine, l’œil torve et absent, visiblement ils n’ont pas compris qu’ils étaient arrivés dasn la Nouvelle Cythère, ils avaient touché l’aile des anges sans le savoir. Les douaniers font des rondes régulières en jeep pour veiller sur les trésors qui dorment dans ces milliers de containers anonymes qui ont parcouru toutes les mers du globeet, qui attendent sous la canicule, d'être transférés aux antipodes... Certains porte-containers en ont même parfois perdu des dizaines, par forte houle, heureux de n’y avoir pas laissé leur vie. On y trouve de tout, tout ce qui se vend en Polynésie, des marbres rares, des voitures de luxe sous cellophane, des meubles anciens, des œuvres d’art en caissons climatisés, des fortunes dorment au bord des quais, dans leurs cages rouillées et scellées par de symboliques cadenas…et sur d'autres quais tout proches.... ces pauvres mousses au regard noir et vague, qui vous dévisagent l'air absent, sans haine particulère, mais comme si l’on venait d’une autre planète, j’en ai presque honte de leur extorquer une photo, lorsque, suspendus à l’énorme chaine d’ancre où ils jouent en silence à se balancer, ils stoppent tout à coup leurs jeux pour figer sur la pellicule, un affreux sourire qui sera fixé à jamais sur la pellicule. C’est là que l’on se dit qu’on a vraiment eu du bol d’être « bien né » du bon côté des barbelés qui entourent la zone sous douane ! Et l’on repart, la gorge serrée et l’on n’ose se regarder de peur de déceler la honte réciproque qui commence à nous envahir… eux sont en zone de transit, intedrdiction absolue de sortir de la zone sous douane sous haute surveillance, sans doute sans passeport ou presque pas.... et pas le droit de faire la tournée des bars du Paradis Terrestre.