C’est un livre humoristique, irrévérencieux, plein de malice et de cynisme où Gary joue encore une fois avec la double personnalité (Lady L.), la recherche de l’identité et des références à une « Histoire » inventée de toute pièce. Il se moque ici du milieu aristocratique et du milieu révolutionnaire avec son humour si particulier. Mais pour moi, la sauce ne prend pas tout à fait ; Gary fait trop du Gary. Ou alors, ai-je trop lu de ses romans ?! Ce n’est pas pour autant un mauvais livre, mais il fait trop "pilotage automatique".
«[…] Les jeunes gens la regardaient avec admiration : ils sentaient qu’elle avait été une femme. C’était assez pénible, mais il fallait savoir être et avoir été. […]» p.12
«[…] elle [Lady L.] savait fort bien que dans la vie comme dans l’art le style n’est qu’un suprême refuge de ceux qui n’ont plus rien à offrir et que sa beauté pouvait encore inspirer un peintre, mais plus un amant. […]» p.14
«[…] le temps ne vous fait pas vieillir, mais vous impose ses déguisements.» p.19
« Gouverner était un métier d’intendant et il était normal qu’un peuple choisît ses domestiques, c’était après tout cela, la démocratie. » p.23
« Les enfants se font particulièrement insupportables lorsqu’ils deviennent des grandes personnes, ils vous assomment avec leurs « problèmes » : impôts, politique, argent. » p.23-24
« Lady L. n’avait jamais cru que la démocratie fût autre chose qu’une façon de s’habiller […].» p.28
«[…] Il suffit d’un tour dans nos musées pour voir jusqu’où l’artiste peut s’élever dans le mensonge et la complicité : ces merveilleuses natures mortes, ces beaux fruits, huîtres, viandes de choix, gibier, sont une insulte à tous ceux qui crèvent de faim à deux cents mètres du Louvre. Il n’existe pas un opéra où le peuple puisse trouver l’écho de sa misère, de ses aspirations. Nos poètes parlent de l’âme ; le pain ne les inspire pas. L’Eglise est menacée, alors, tout doucement, on prépare les musées pour assurer la relève de ces fumeries d’opium… » p.78
«[…] elle [Lady L.] s’efforçait de ne pas trop penser : elle savait déjà que le bonheur était fait d’oubli. D’ailleurs, l’avenir, c’était bon pour les hommes. Elle avait découvert un trésor nouveau, très féminin, insoupçonné : le présent. » p.100
«[…] Ce qui signifie, je suppose, que vous êtes tombée amoureuse, et aussi que vous êtes mal tombée. On ne tombe jamais bien lorsqu’on tombe amoureux. » p.137
«[…] Vous avez un talent qui se fait de plus en plus rare : celui de la joie de vivre. Il faut cultiver ce don : je ne demande qu’à vous aider. » p.149
«[…] Elle s’aperçut aussi qu’il parlait de l’humanité comme si c’était une femme et elle se mit à détester cette rivale sans visage, secrète, mystérieuse, tyrannique que les hommes ne parviennent jamais à satisfaire et dont le plus grand plaisir semble être de les pousser à leur perte. » p.164
Editions Gallimard / Folio - 250 pages
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