Il est une étonnante contrée qui concentre le pire des comportements humains. Les occupants, durables ou éphémères, s’amoncellent en grappes bruyantes, succombent aux rumeurs, cultivent le grégarisme et en surajoutent dans l’effet d’entraînement vers les cimes ou les abysses.
Je n’ai jamais investi volontairement un kopeck, un franc ou un euro dans cette sphère interlope où gesticulation vaut action, coup réalisé vaut engagement et arrivisme vaut ambition. Je m’en pare comme la plus digne des décorations, là où nombre s’encanaillent à miser sur telle ou telle valeur, participant de fait au dévoiement du capitalisme.
Cette contrée, donc, cumule les tares, les innommables et mobilise pourtant les plus puissants centres financiers pour la sauver de sa logique déliquescence. Ahurissant. Comme le coprophile se repaît de sa matière répugnante, la foultitude d’organismes financiers reçoit les perfusions nourricières des banques centrales. Surtout qu’ils poursuivent ce jeu avec tous les produits anonymes.
Mille milliards de dollars : pas une nouvelle insulte du truculent capitaine Haddock, mais l’estimation de ce que va coûter la récupération des déjections titrisées. Quelle autre cause pourrait, à cette hauteur astronomique, mobiliser de tels fonds ? L’environnement en perdition, les populations africaines aux abois, la lutte contre les fléaux naturels, la recherche fondamentale, l’aide à la création ? Non. Tout ça, juste pour quelques centaines de milliers d’obscurs joueurs sur marchés qui s’entraînent les uns les autres dans un infernal yo-yo. Ecoeurant.