Les vidanges de l'inauguration du Mudam en 2006, photo par Mikuzz
Imaginez un pays où la bière ne s'achète pas par pack de 12 mais par casier de 24. Dans des bouteilles en verre, bien lourdes, et consignées (ici le terme "vidange" remplace notre "consigne" mais je ne crois pas qu'on dise "vidangées").
Imaginez un pays où cette bière on ne la consomme pas à dose homéopathique mais, au minimum, par 33 cl pour le "mini".
Imaginez un pays où personne ne boit de l'eau du robinet. Même le Ricard se sert avec de la Viva (Evian locale).
Imaginez, enfin, un pays où la patate - sautée, frite, vapeur, en purée, en galettes, bouillie, en robe des champs - se sert en accompagnement de tous les plats nationaux.
Maintenant, imaginez comment vous pouvez faire vos courses toutes les semaines en ajoutant à votre caddie les casiers de bière, d'eau minérale plate, d'eau minérale gazeuse et les sacs de pommes de terre. De préférence selon une organisation qui préservera l'intégrité des boîtes d'œufs et des raviers de fraises. Impossible ?
Hé bien c'est là le que génie luxembourgeois vient se cacher (on notera au passage que l'Allemagne et la Belgique, répondant également aux critères sus-cités, ont un système analogue) : le drink-shop. Ce n'est pas, comme le coffee-shop, un endroit où vous pouvez boire un coup et fumer des substances plus ou moins psychotropes. Non, l'endroit pour boire un coup en sortant de vos courses c'est la buvette du Cactus ou de la Coopérative. Le drink-shop est un magasin, en général annexé à une grande surface, qui vend tout ce qui se boit et, par extension, tout objet alimentaire volumineux tel un sac de patates de 25 kilos, voire non alimentaire (couches culottes ou lessive, par exemple).
Le summum du drink-shop étant celui de chez Auchan Kirchberg, où vous n'avez même pas besoin de sortir de votre voiture. Vous donnez au vendeur la liste de ce que vous voulez et il vous charge le tout dans votre coffre. Trop facile. Le système permet à votre chérie de ramener, sans effort, une centaine de kilos de provisions. Qu'il vous restera tout de même à décharger et à entreposer dans votre cave vous-même, le personnel du drink-shop ne poussant malheureusement pas la conscience professionnelle jusqu'à monter dans le coffre avec le chargement pour terminer le travail.
Enfin, à ce compte-là, j'attends avec impatience le "green-shop" où on déposera les caisses de fruits et légumes sans avoir à faire la queue à la balance, à déraper sur les noyaux de cerises jetés par terre ni à se battre avec les sacs plastiques indécollables. Voire le "eat-shop" où on enverra sa liste de courses par e-mail avec un jour d'avance et où on sera prévenu par SMS de l'heure à laquelle on peut venir chercher les sacs.