Z'aurez probablement observé que depuis la rentrée, je me fais plutôt rare... C'est que j'ai un peu de mal à trouver mon rythme, tant ça balance de tous côtés (dis, tu la sens la pulsation ?)...
Certes, j'ai un poil dans la main qui me sert de canne (c'est congénital). Mais quand même... Faut bien admettre que ce n'est pas si facile de reprendre le boulot après un si long congé.
Le plus pénible, en réalité, ce n'est pas d'être obligée de sauter sous la douche avant d'avoir pris le temps d'avaler (au moins) trois tasses de café. Ce n'est pas non plus de ne plus pouvoir lire aussi régulièrement mes (trop nombreux) blogs favoris. Non non non. Le pire, c'est de fréquenter à nouveau la-France-qui-se-lève-tôt. Celle qui, si elle ne s'est pas forcément dévoyée en votant pour Nicolas Sarkozy, pense quand même que la fin du pétrole, c'est pas pour demain ("Ils disent qu'il y en a plus pour nous faire peur, mais ils vont en trouver, je m'inquiète pas"), que la suppression du samedi matin à l'école, c'est quand même bien pratique, et que d'ailleurs, le programme n'a pas été si alourdi que ça (là, on enchaîne sur un laïus téléphoné, type "les instit se plaignent tout le temps, mais..."), et que tant pis si les enfants font moins de gym, d'arts plastiques, et cætera.
Je veux dire par là que c'était 'achement plus facile de me réjouir (comme Lémi) - par exemple - du fait que l'Economie se casse spectaculairement la gueule, et que "Wall Street est en train de mourir", et de m'abandonner à une bonne grosse bouffée d'optimisme (genre "Rhaaa ! On va enfin pouvoir inventer un monde qui ne soit pas basé sur l'économie de marché !"), quand je ne fréquentais pas des personnes aussi désespérément normales que mes collègues. C'est-à-dire des personnes que nul ne songerait pas à traiter de "cloportes", et encore moins d'"anarcho-autonomes". Des personnes pour qui la politique se limite à aller (ou non) glisser un bulletin de vote dans l'urne quand on le leur demande, et qui ne voient absolument pas de rapport entre la clique au pouvoir et la dégradation de leurs conditions de travail.
Pour résumer, ça me semble encore moins évident qu'il y a trois ans de travailler et d'avoir une conscience. Pas seulement politique, la conscience, hein. Humaine aussi. C'est-à-dire une conscience-tout-court.
Post-Scriptum : L'image a été dégotée sur le blog Archives d'Atelier. Et le titre de ce billet reprend celui du dernier film d'Agnès Jaoui (dont elle a écrit, comme d'hab, le scénario avec Jean-Pierre Bacri), sorti mercredi dernier.