Impeccablement british, Hot fuzz commence comme une comédie à l'anglaise, avec description minutieuse et satirique d'un village propret et vieillot. Tous les gags ne font pas mouche, mais ceux qui atteignent leur cible provoquent l'hilarité générale. La bonne idée, c'est d'avoir fait du personnage de Simon Pegg (le Shaun de Shaun of the dead, fidèle coscénariste) un flic parfait au travail irréprochable, adepte de la culture du résultat et de l'intransigeance (profitons-en pour faire un coucou à notre bien aimé Président de la République). Il aurait été si facile d'en faire à nouveau un simple loser... En revanche, le partenaire qu'on lui adjoint, interprété par le très massif Nick Frost, est un gros boulet de la pire espèce, les deux hommes formant ainsi un parfait duo de buddy-movie, complétant au fur et à mesure l'hommage fait au genre.
Une fois la situation mise en place (une bonne quarantaine de minutes, rythmée, hilarante, délicieuse), les choses se compliquent légèrement lorsque l'on réalise que Wright et Pegg ont l'intention de faire évoluer une véritable intrigue. Entre alors un tueur en série pur et dur, donc nos flics de choc vont chercher l'identité. Mais si tout cela reste pour de rire, même si cette enquête n'est qu'un prétexte pour aller plus loin dans la gaudriole, c'est là qu'il convient d'émettre quelques réserves. Trop investi dans la résolution de cette intrigue, le film connaît alors quelques ratés, proposant quelques scènes explicatives superflues, qui cassent le rythme et font diminuer l'intensité comique. Dans ces moments-là, on retrouve les principaux défauts de Shaun of the dead : l'ensemble reste sympathique mais les choses patinent un peu.
Et puis arrive la dernière partie du film, au moment même où l'on réalise que dans comédie d'action, il y a "action". C'est alors un déferlement d'action bourrine et souvent drôle, où Pegg et Frost s'en donnent à coeur joie et mitraillent à tout va, semant l'anarchie dans ce village si paisible. Rien de tel pour redynamiser un film qui termine sur les chapeaux de roue (même si Wright peine visiblement à conclure). Le pari est en tout cas réussi : écriture décomplexée et mise en scène jouissive font de Hot fuzz un délicieux divertissement à l'anglaise, qui déride et défouraille sacrément.
7/10