Du sang à la croisée des chemins : plaidoyer pour un traité sur le commerce des armes

Publié le 20 septembre 2008 par Tanjaawi

Chaque jour, les armes tuent plus de 1 000 personnes


Soldats soudanais déchargeant des conteneurs militaires d'un avion Antonov 12 sur des camions militaires, dont un d'origine chinoise, à El Ge

© Amnesty International

neina. Le Groupe d'experts des Nations unies sur l'embargo sur les armes au Soudan a demandé l'interdiction de vol de l'appareil.

Nouveau rapport "Du sang à la croisée des chemins : plaidoyer pour un traité sur le commerce des armes "

17.09.2008 / Amnesty.asso]

Ce nouveau rapport d'Amnesty International montre, en s'appuyant sur des exemples détaillés et une analyse des politiques en place, qu'avec la mondialisation du commerce des armes classiques le monde est arrivé à une croisée des chemins et que les gouvernements doivent à présent, s'ils veulent protéger les droits de leurs citoyens, prendre des mesures permettant de contrôler efficacement ce commerce.

Ce rapport insiste sur le fait que le commerce des armes classiques est irresponsable et trop peu réglementé, et montre les conséquences de cette situation à travers neuf exemples.
Il explique en particulier que ce commerce contribue à de graves violations des droits humains dans diverses régions du monde, et qu'il aggrave l'insécurité au lieu de la combattre.
Il souligne que l'adoption d'un traité international sur le commerce des armes classiques (TCA) est une nécessité urgente, qui pourra sauver des vies, préserver des moyens de subsistance et contribuer au respect des droits humains.


Restes de roquette russes S-8 90mm et de munitions pour canon 23x115mm produits à Novossibirsk (Russie), en 1985, qui auraient été tirés par l'Armée de l'air ougandaise au moyen d'un hélicoptère de combat russe contre des éleveurs kenyans dans la région de Loteere en Ouganda, en octobre 2006© James Bevan

Le rapport présente des cas de transferts irresponsables d'armes vers la Colombie, la Côte d'Ivoire, le Guatemala, la Guinée, l'Irak, le Myanmar, l'Ouganda, la Somalie, le Soudan/Tchad. Chacun de ces cas met en lumière des préoccupations précises en matière de contrôle des armes :


- Colombie : le rapport montre que des fournitures d'armes alimentent de graves atteintes aux droits humains commises par toutes les parties au conflit, et indique les différentes origines des fournitures d'armes légères ainsi que les divers chemins qu'elles empruntent pour parvenir à leurs destinataires : importation, courtage et trafic.
- Côte d'Ivoire : le courtage d'armes met en péril l'embargo sur les armes décrété par l'ONU et de graves violations des droits humains et atteintes à ces droits ont été perpétrées à l'aide de ces armes.
- Guatemala : il est fortement à craindre que les armes légères ne contribuent à la crise en matière de sécurité publique, et il est nécessaire que les gouvernements se demandent si les transferts d'armes attisent la violence et le crime organisé.
- Guinée : le code de conduite de l'Union européenne et les lois nationales ne permettent pas d'empêcher les transferts d'armes à destination de ceux qui les utilisent pour commettre des violations flagrantes des droits humains.
- Irak : les violations des droits humains et les atteintes à ces droits sont attisées par l'un des taux de détention d'armes légères par la population les plus élevés au monde. Le rapport évoque également la question des importations d'armes et des marchés passés pour obtenir des armes des États-Unis et de ses partenaires.
- Myanmar : le rapport se penche sur les principaux fournisseurs d'armes du Myanmar – la Chine, l'Inde, la Russie, la Serbie et l'Ukraine – et sur la nécessité d'un embargo sur les armes décrété par l'ONU face aux très nombreuses violations des droits humains commises dans le pays.
Pour en savoir plus Amnesty et le Myanmar, notre page "non aux armes pour le Myanmar"
 

- Somalie : les innombrables violations des droits humains et du droit international humanitaire sont commises par toutes les parties au conflit avec les armes légères qui arrivent massivement dans le pays malgré l'embargo sur les armes imposé par l'ONU.
- Soudan : les attaques contre les civils et les atteintes aux droits humains perpétrées au Darfour sont intensifiées par l'arrivée massive d'armes dans le pays ; il est démontré que le gouvernement soudanais a reçu une assistance militaire et des transferts d'armes en particulier de la Russie et de la Chine après l'extension en mars 2005 de l'embargo sur les armes décrété par l'ONU, et que les groupes armés ont également reçu de très nombreuses armes.
Pour en savoir plus Amnesty et le Soudan/Tchad :  nos pages spéciales
- Ouganda : la prolifération des armes légères parmi les groupes de pastoraux dans le Karamoja et leur utilisation abusive ont des conséquences désastreuses sur la situation des droits humains, et la force disproportionnée à laquelle ont recours le gouvernement ougandais et ses forces pour désarmer les groupes de pastoraux et attaquer les pastoraux turkanas fait de nombreuses victimes parmi les civils.


Un véhicule blindé de transport de troupes utilisé au cours d'une manifestation à Conakry (Guinée).© Private