Né en 1971 à Nevers, Patrice Maltaverne a publié des poèmes dans une vingtaine de revues ainsi que
plusieurs textes, entre 1999 et 2008, dont "Sans mariage" (Collection Polder de la revue Décharge) et "Merci pour la musique" (Editions Gros textes), "Souvenirs d'une ville illégitime" (Encres
vives).
Il anime également le poézine "Traction-Brabant" depuis Janvier 2004 : 26 numéros en circulation à ce jour, dont des extraits figurent sur le blog
http://www.traction-brabant.blogspot.com/
Aux plus belles soirées
Le prince charmant
Peut-être
Vous viole
Son plaisir se camoufle
Dans un parterre de fleurs
Egal à votre tombe parfumée d'encens
Ne riez pas
Son visage glabre
Est comme un allume-cigares
Surgi de la mangrove
Et vous rêvez à d'autres jeunes filles
Qui vous ressemblent
Sans voir que cet étranger
Achète pour vous des fleurs cannibales
Et vous empêche de vivre
Votre jeunesse.
Lorsque le crépuscule approche de vos pieds
Vous vous nourrissez d'illusions
Au sujet du pourpre
Qui ne sort pas de la chambre
Comme si de rien n'était
Un homme marche
Sur le damier du sol
Il semble fâché contre ce décor trop lent
Où s'accumulent les derniers jours de l'angoisse
Suintant des murs du château
Jusque dans la cave.
Ce corps comme une main tendue
A une distance incroyable du lit
Couvre
Toute la surface de la chambre
Ce lit sur lequel vous avez du mal
A vous voir étendue
Reçoit un baptême de vos longues mains
Dans cette nuit si vaste
Vous attendez qu'il vienne l'unique
Ne sachant plus distinguer
L'écho de la forme
Lorsque les couteaux se suspendent
A toutes les interstices de votre âme
Encore verte.
Dans un cadre vous êtes allongée
Et les glycines envahissent votre corps
Vous allez parler
La langue des vieux films
Lorsque le décor est prêt
Les feuilles s'agitent
Et personne n'entend le bruit de votre bouche
Vous continuez de sourire au prince
Qui écarte les feuilles des arbres
Vous fait connaître la vie
Alors que vous pensiez crever la bulle
D'un amour insouciant.
Patrice MALTAVERNE.