Notre approche des relations humaines est toujours marquée par une retenue. Nous versons plus spontanément dans la confrontation que dans la coopération, dans le rapport de forces que dans le chemin d’alliance. Si nous sommes réticents à donner, c’est que nous craignons de ne rien recevoir en retour. Que le don soit gratuit semble de la première évidence, et cependant, y compris dans nos affections les plus intimes, il nous est difficile de donner sans recevoir. Nous sommes plus souvent dans le donnant-donnant que dans le don véritable, dans le secret désir d’accaparement que dans le pur don de soi. D’où vient cette réticence ? De notre méprise sur le monde des sentiments qui ne constituent pas un stock dans lequel on puise et qui menacerait de s’épuiser, mais que l’on pourrait comparer à une source qui est d’autant plus abondante qu’elle est sollicitée. Ne prenons pas le risque d’obstruer notre source en donnant au goutte-à-goutte !
François Garagnon