C'est toujours pareil, lorsqu'une rédaction est en grève, la direction s'arrange toujours pour exhumer de vieux articles et tenter de faire croire que le mouvement s'essouffle.
Il s'agit de tenter un point sur une question brûlante - à savoir : faut-il acheter Charlie Hebdo ? Question lancinante que l'on se pose finalement depuis 1960, date de création de Hara-Kiri. Je vous passe les péripéties qui ont permis au programme originel de se réaliser pleinement. Il y a avait une bonne dose de lucidité chez les fondateurs pour comprendre que le seppuku serait la figure tutélaire présidant aux réincarnations successives de l'hebdomadaire.
Après m'être fait vilipendé pour avoir ouvert mon porte-monnaie et donné mon avis sur Siné-Hebdo, la rédaction (en grève) se devait de se livrer au même examen concernant son porte-greffe (Charlie-Hebdo).
Il faut beaucoup de courage pour saisir entre ses doigt la couverture de cette semaine. Le titre est plutôt rebutant : "11 septembre, BIGARD DIT LA VERITé". Charb fait dire à l'humoriste pro-chinois : "Aucun neurone ne s'est jamais écrasé entre mes deux oreilles !"
"Internet est la source idéale du négationnisme". Pour aboutir à cette thèse, le rédacteur en chef de Charlie fait un détour par la pensée de Jean Baudrillard. Un détour, je suis gentil, avec Baudrillard, ce sont plutôt de voyages inter-stellaires dont il faut parler. En résumé, ça donne : "Les victimes des attentats en sont fatalement les auteurs". On ne peut pas lui reprocher de ne pas donner envie de lire Jean Baudrillard, calmez-vous ça passe très vite. Allez plutôt voir l'expo. Où allez visiter les souks, on apprend en effet que la thèse de Jean Baudrillard "parcourt donc tout le spectre de la société, depuis les souks où elle prolifère jusqu'à de prestigieuses université où elle se distille."
La théorie du complot a de beaux jours devant elle. J'aime bien les souks d'Asie centrale. J'adore écouter les conversations. Mon héritage culturel me permet de maîtriser à peu près tout ce qui peut se dire dans n'importe quel souk depuis le moyen-orient jusqu'aux confins de l'himalaya. Il y a ceux qui racontent des histoires (ils ont quelque chose à vendre) et ceux qui aimeraient croire à l'histoire qu'on leur raconte (ils ont quelque chose à acheter).
De temps, je voyage. Dans un souk de Washington ou New York, j'ai entendu un jour le marchand de tapis Colin Powell et le joueur de oud George W. Bush qui prétendaient nous faire croire que l'Irak détenait des armes de destruction massive et que l'Irak abritait un foyer de fous de Dieu qui étaient responsables des attentats du 11 septembre. Y croyaient-ils eux mêmes ?
A ce stade, le raisonnement de notre charliesophe part en vrille, confondant me semble-t-il allègrement négationnisme et connerie. Ce que Val dit d'internet pourrait être sans doute appliqué à tous les discours que la science a véhiculé. Faut-il jeter la science aux orties parce qu'elle a, à l'occasion, assassiné la vérité ? N'apprend-on pas lorsque l'on étudie l'épistémologie que la science n'avance que prouvant qu'un énoncé est faux. Que la méthode expérimentale est bien incapable de prouver que tous les chevaux sont blancs. Par contre, elle peut s'honorer de découvrir un cheval noir et faire avancer la vérité.
Pour Val, sur internet, "la propagande remplace l'information, la dictature chasse la démocratie".
Non content d'avoir acheté un PC chinois, le camarade Phi Li a un fournisseur d'accès mandchou.