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La remise en cause d’Edvige trouble les syndicats de police

Publié le 19 septembre 2008 par Hmoreigne

images.1221810867.jpgLe toilettage du décret assurant la création du fichier Edvige fait tousser les principaux syndicats de policiers. Après avoir fait le gros dos devant une opinion publique majoritairement hostile les policiers dénoncent une hypocrisie générale qui risque de leur faire perdre un outil jugé précieux.

Un policier est-il d’abord un « flic » avant d’être un citoyen, c’est la question légitime que l’on peut se poser devant la forte montée au créneau de leurs syndicats représentatifs. Bruno Beschizza, le président de Synergie Officier, second syndicat d’officiers de police a rappelé que « les gouvernements successifs, de droite ou de gauche, ont besoin de savoir qui sont les responsables d’organisations et de savoir comment prévenir les violences urbaines. Au Modem ou au PS, ils sont les premiers à vouloir voir leur nom repris dans la presse et là ils sont émus à l’idée que leurs noms puissent être dans un fichier qui se veut transparent ! ».

Le syndicat dénonce le recul gouvernemental : « en vidant Edvige de sa substance on enlèvera les moyens légaux aux policiers d’obtenir des résultats. Or, si ce travail n’est pas fait par la police nationale, puisque le besoin est là, demain ce seront des entreprises privées qui le feront, sans contrôle déontologique et là il y aura de vraies atteintes à la vie privée ». 

Même tonalité du côté des commissaires de police qui «s’étonnent de la levée de boucliers contre Edvige qui n’est que la version actualisée d’un fichier créé en 1991 sous un gouvernement de gauche.» Dans un communiqué le SCPN dénonce les détracteurs d’Edvige, « les mêmes qui ont combattu le fichier national automatisé des empreintes génétiques et qui ont ainsi retardé sa mise en oeuvre au prix de nombreuses victimes supplémentaires », n’hésitant pas à avancer « L’idéologie prévaut sur la raison ».

Bruno Beschizza (Synergie Officiers) va plus loin « Nous sommes stupéfaits et affligés par la cacophonie politique et gouvernementale sur ce sujet ». « Que des associations militantes critiquent ce fichier, c’est normal et plutôt sain, mais que des ministres différents tiennent des discours différents alors que l’on joue la transparence en publiant des décrets, c’est affligeant ».

« Transparence en publiant les décrets ». On croit rêver. Si l’on suit le syndicaliste dans son raisonnement, Edvige aurait pu être mis en place sans que la représentation nationale en soit informée. De quoi avoir froid dans le dos. Au delà du cas d’espèce d’Edvige qui présente à lui seul un beau sujet de réflexion, on s’aperçoit avec les langues qui se délient qu’un fichier peut en cacher beaucoup d’autres.

En juin 2005, le ministre de l’Intérieur de l’époque, un certain Nicolas Sarkozy, avait commandé au Conseil d’Orientation de l’Observatoire National de la délinquance présidé par le spécialiste des questions de sécurité Alain Bauer, un rapport sur l’amélioration du contrôle et de l’organisation des fichiers de police et de gendarmerie. Le rapport rendu fin 2006 s’était révélé assez critique, dressant un état des lieux complet du paysage des fichiers.

La situation prend un tour de guerre picrocholine lorsque les syndicats de police dénoncent leurs camarades gendarmes « Eux aussi collectionnent du renseignement. Qu’en font-ils ? Où les mettent-ils ? Personne ne répond et ça ne gène personne que tout se fasse dans l’illégalité » déclarait dernièrement Bruno Beschizza sur LCi.fr.

Accusations confirmées par Patrice Ribeiro secrétaire général adjoint du même syndicat au site internet Le Post.fr : « On parle beaucoup d’Edvige alors qu’il y a beaucoup plus grave du côté des gendarmes. Les gendarmes nous fichent, en toute illégalité, sans que ce soit déclaré nulle part ». « Depuis une bonne dizaines d’années, dans toutes les gendarmeries de France, on collecte des informations personnelles identiques à celles que contiennent le fichier Edvige. Tout cela en secret bien sûr » car « Ces fichiers ne sont pas déclarés à la CNIL ».

Toujours selon le policier, décidément bien bavard, les gendarmes collecteraient ces infos car « ils sont rentrés en concurrence avec la police pour fournir des indications aux préfets et ainsi montrer à ces derniers qu’ils peuvent étendre leur champ de compétence. »


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