Mais qui est Mozelman ?

Publié le 19 septembre 2008 par Zegatt

Ne me demandez pas d’où je sors ça. Ou pourquoi j’ai des idées pareilles à 1h30 du matin.

Je ne veux pas savoir. Je ne veux plus savoir.

Il se pourrait même que je supprime ça demain.

L’absurde triomphe, les surréalistes avaient raison. Ci-gît.

***

« Ce qui m’attire dans une idée, c’est ce qu’elle a de piquant et d’original – de neuf et de superficiel. Il faut bien l’avouer. »

- Albert Camus, Carnets I -

Mais qui est Mozelman ?

   A force de nous le répéter une semaine sur trois au cours de l’émission Faites entrer l’accusé, Christophe Hondelatte aura fini par nous en convaincre : l’est français, et à plus forte raison les environs de Nancy sont dangereux. Simone Weber, Francis Heaulme, Michel Fourniret, Nadir Sedrati, combien sont-ils qui sont passés en Meurthe-et-Moselle et qui y ont opéré ? A croire que les lieux sont le grand rendez-vous des criminels, le passage obligé pour acquérir ses lettres de noblesse macabre.

   C’est dans ces lieux qu’un nouvel individu sévit, parsemant les murs de la France orientale de son trait enragé et revendicateur. Huit lettres qui déchaînent les curiosités autour de cet avatar prédicateur moderne, le situant dans cet espace obscur à mi-chemin entre le djihadiste fou et le Superman arriéré, donnant ainsi libre court aux spéculations les plus folles. Criminel ou justicier ? cet homme, c’est Mozelman.

   Forcément, tout cela ne fait pas frémir grand monde. Le trait est habile, l’arc de cercle inférieur du Z équilibre adroitement celui élancé du L, et les murs taggués demeurent marqués de cette signature singulière. La dextérité peinturluresque est une chose, mais au-delà du symbole, quelles revendications se cachent derrière les déclamations récurrentes de cet évangélisateur du graffiti ?

   L’homme à la bombe colorimétrique est-il un régionaliste effréné, bercé par une sémantique lepéniste revancharde ? Ou bien un amateur de bières qui oublie la fraîcheur nocturne dans un trop-plein d’alcoolémie et finit par marquer son territoire d’un soir ? Un gars du terroir – et fier de l’être –, justicier nocturne de la cause nancéenne, ou bien un profanateur entêté d’espaces muraux délaissés… Peut-être un simple plaisantin, heureux de défrayer la chronique en trois coups de spray ?

   Mozelman, c’est un peu tout ça à la fois. Un grand n’importe quoi où s’amasse ce que nous voulons bien lui attribuer, du justicier masqué au jeune anarchisant en manque de repères, en supposant qu’il y ait seulement quelque chose à y trouver.

  

   Et peut-être n’y a-t-il d’ailleurs rien derrière toutes ces hypothèses, peut-être est-ce tout bêtement un graffiteur poussé par le désir semi-conscient de se faire appréhender qui signerait ses actes par son propre nom de famille.

   Nous n’aurions pas l’air bêtes.