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PoÉsie et Éthique lÉgionnaire

Par Francois155

Après Alan Seeger, poète et légionnaire américain mort pendant la bataille de la Somme, en 1916, ou André Zirnheld, officier parachutiste tué en 1942 et sur le corps duquel on retrouva le texte qui deviendra « La prière du para », il était impossible de ne pas évoquer le capitaine Bourgin, ainsi que la poésie et l’éthique du légionnaire.

Il était bien naturel, du reste, qu’un corps accueillant en son sein des hommes venus de tous horizons, aux histoires personnelles parfois lourdes de secrets passés, et qui étaient constamment destinés à lutter en première ligne, compta dans ses rangs de nombreux poètes, auteurs désireux de coucher sur le papier leurs espoirs, leurs rêves, la volonté inébranlable qui les animait lorsqu’ils partaient pour le danger.

Le capitaine Pierre-Eugène Bourgin était de ceux-là. Commandant la 3éme compagnie saharienne portée du 2éme REP en 1957, il était un combattant et un chef adoré de ses hommes, un fin manœuvrier, un guerrier accompli mais aussi un mystique, un poète. C’est sous le pseudonyme de Von Palaïef qu’il publia certains de ses textes, dans la revue Képi Blanc.

Le 1er mars 1959, alors qu’il combat à la tête de ses hommes un parti Fellagha, en Kabylie, il est grièvement blessé par balles et décédera durant son transport vers l’hôpital de Souk-Ahras. Il avait 35 ans.

Son poème le plus connu deviendra la « prière du Légionnaire-parachutiste ». Comme André Zirnheld, il le portait sur lui lorsqu’il fut tué et ce sont ses camarades qui retrouveront ce testament mystique en faisant sa toilette mortuaire. En voici le texte :

PRIERE DU LEGIONNAIRE-PARACHUTISTE.

Seigneur je voudrais être de ceux qui risquent leur vie
Seigneur vous qui êtes né au hasard d'un voyage
Et mort comme un malfaiteur après avoir couru sans argent
Tire moi de mon égoïsme et de mon confort
Que marqué de votre croix je n'ai pas peur de la vie rude
Et dangereuse ou l'on risque sa vie
Au delà de tous ces risques d'une vie engagée dans l'action
Au delà de tous ses héroïsmes à panache
Rendez moi disponible pour la belle aventure a laquelle vous m'appelez
Les autres peuvent bien être sages
Vous m'avez dit d'être fou
D'autres pensent qu'il faut conserver
Vous m'avez dit de donner
D'autres s'installent
Vous m'avez dit de marcher et d'être prêt à la joie et à la souffrance
Aux échecs et aux réussites
Et finalement de risquer ma vie
En comptant sur votre amour

Von Palaïef avait aussi publié un hommage aux grands ancêtres de Camerone, ces exemples dont la Légion perpétue encore aujourd’hui le culte du sacrifice et de la parole donnée. Son poème s’intitule « Le soir du 30 avril » :

LE SOIR DU 30 AVRIL.

Un rêve m'a confié qu'au soir du 30 avril
Les morts de la Légion s'évadaient de leurs tombes
Et venaient par milliers des quatre coins du monde
Dessiner dans la nuit d'interminables files.
Et leurs os de poussière, encore rougis de sang,
Supportaient dans le ciel, plus beau qu'une auréole,
Deux épaulettes rouges et puis un Képi Blanc
Piquetés dans la nuit des éclairs des lucioles.
J'ai voulu leur parler, mais ils n'entendaient point.
J'ai voulu leur faire signe, ils ne me voyaient pas.
Les Morts de la Légion défilaient devant moi….
Et j'ai cru reconnaître plusieurs de ces anciens.
Qui sont tombés là-bas dans la boue des rizières
Pour l'Honneur du Drapeau et puis des Képis Blancs…
Pour fêter Camerone, nos Morts sortaient de terre
Et pendant une nuit redevenaient vivants.

Comme le capitaine Bourgin ou le caporal Seeger, nombreux furent les légionnaires poètes dans l’histoire. Un ouvrage a rassemblé certaines de leurs œuvres. En voici une particulièrement chargée de symbole, puisque ce texte fut rédigé à l’occasion de la cérémonie instituant le Soldat Inconnu, en 1920. Ces lignes magnifiques, intemporelles, ont été écrites par Pascal Bonetti :

LE VOLONTAIRE ETRANGER.

Le monde entier disait : la France est en danger ;
Les barbares demain, camperont dans ses plaines.
Alors, cet homme que nous nommions « l'étranger »
Issu des monts latins ou des rives hellènes
Ou des bords d'outre-mer, s'étant pris à songer
Au sort qui menaçait les libertés humaines,
Vint à nous, et, s'offrant d'un cœur libre et léger,
Dans nos rangs s'élança sur les hordes germaines.
Quatre ans, il a peiné, saigné, souffert.
Et puis un soir, il est tombé dans cet enfer...
Qui sait si l'inconnu qui dort sous l'arche immense,
Mêlant sa gloire épique aux orgueils du passé
N'est pas cet étranger devenu fils de France
Non par le sang reçu mais par le sang versé ?

Mais il est impossible d’évoquer la Légion et certaines de ses grandes figures sans rappeler les règles éthiques qui régissent ce corps d’exception. Voici donc pour finir le code du Légionnaire et, légionnaire un jour, légionnaire toujours, le code de l’ancien Légionnaire.

LE CODE DU LEGIONNAIRE :

Article 1 : Légionnaire, tu es un volontaire servant la France avec honneur et fidélité.

Article 2 : Chaque légionnaire est ton frère d'arme quelle que soit sa nationalité, sa race ou sa religion. Tu lui manifestes toujours la solidarité étroite qui doit unir les membres d'une même famille.

Article 3 : Respectueux des traditions, attaché à tes chefs, la discipline et la camaraderie sont ta force, le courage et la loyauté tes vertus.

Article 4 : Fier de ton état de légionnaire, tu le montres dans ta tenue toujours élégante, ton comportement toujours digne mais modeste, ton casernement toujours net.

Article 5 : Soldat délite, tu t'entraînes avec rigueur, tu entretiens ton arme comme ton bien le plus précieux, tu as le souci constant de ta forme physique.

Article 6 : La mission est sacrée, tu l'exécutes jusqu'au bout dans le respect des lois, des coutumes de la guerre et des conventions internationales et, si besoin, au péril de ta vie.

Article 7 : Au combat, tu agis sans passion et sans haine, tu respectes les ennemis vaincus, tu n'abandonnes jamais ni tes morts, ni tes blessés, ni tes armes.

LE CODE DE L’ANCIEN LEGIONNAIRE :

Article 1 : Ancien de la Légion étrangère, je suis fier d'avoir servi avec " honneur et fidélité"

Article 2 : Chaque ancien légionnaire reste mon compagnon d'arme, quelle que soit sa nationalité, sa race ou sa religion.

Article 3 : Je lui manifeste toujours l'étroite solidarité qui doit unir les membres d'une même famille.

Article 4 : Fidèle à mon passé à la Légion étrangère, l'honnêteté et la loyauté sont les guides permanents de ma conduite.

Article 5 : Ma tenue, mon comportement sont exemplaires en restant modeste.

Article 6 : Je refuse la facilité et l'entraînement dans les abus de toutes sortes, incompatibles avec la dignité humaine.

Article 7 : Je m'interdis d'impliquer la Légion étrangère dans toute action politique.

Article 8 : Dans ma cité, je suis fier que mes relations disent de moi avec considération: "c'est un ancien légionnaire"

Et par Saint Antoine..... vive la Légion !


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Par Antoine Marquet
posté le 22 novembre à 10:38

Vous auriez pu donner le nom de l'ouvrage: Légion notre Mére, Anthologie de la poésie légionnaire 1883-2000. Editions Italiques. (Prix Dulac de l'Académies des Sciences Morales et Politiques de l'Institut de France).

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