Miraculeux ? Assurément. Ce roman illustré, aux allures de beau-livre, réserve d’insoupçonnables ravissements au lecteur. Littérature « jeunesse » ? Pas vraiment. Éminemment picaresque, et pourtant bâtie comme un conte qui s’inspirerait de nombreux autres tout en demeurant unique, l’histoire d’Édouard, lapin de porcelaine narcissique et superficiel, recèle tant de niveaux de lecture que chacun est susceptible d’y trouver son compte. Malmené par de multiples événements, balloté par les éléments ou les humains qui croisent sa route, Édouard est un héros au prime abord peu sympathique, qui évolue bien malgré lui, de la déchéance à la rédemption : il s’humanise peu à peu, se métamorphosant au fil des ans, tandis qu'il se découvre un cœur et des sentiments. Le raffinement des illustrations à l’ancienne rappelle par instants la précision d’un Norman Rockwell et ajoute à l’ensemble un charme désuet qui s’accorde à la perfection à ce roman sans âge, qui a déjà tout d’un classique.
(B. Longre, sept. 2008)