Il est parfois difficile de trouver un sujet pour un billet. Surtout quand on approche, doucement, du 500ème (eh oui, déjà!) ... Parfois, c'est la platitude consternante de l'actualité qui ne permet pas, tout simplement, de trouver un bon sujet. Et parfois, c'est le trop plein. Actuellement, par exemple, c'est la foison. D'où que l'on porte le regard, une nouvelle absurdité tragicomique semble faire jour.
Jugez plutôt : alors que les orages médiatiques finissent à peine de se calmer à la suite de la visite papale, de nouveaux ouragans se sont levés. Ce qu'il y a d'ailleurs d'assez drôle, dans la situation, est d'observer les épicentres de ces manifestations journalistiques, les causes de ces vents de papier. Il en existe, en gros, de trois types :
- les affaires qui grossissent d'elles-mêmes, parce que leur impact dans la vie de chacun d'entre nous est significatif
- celles dont on parle mais que les intéressés font tout pour réduire à leur plus simple expression, tentant l'oubli
- celles dont on parle peu et que les intéressés font tout pour faire grossir, de façon plus ou moins adroite
Là où le premier cas mérite l'attention et l'analyse, il y a surtout de quoi rire des deux derniers cas. Par exemple, lorsqu'on entend chuchoter, à droite ou à gauche, que l'Elysée se serait payé un Air Farce One, on sent que la présidence n'est pas totalement à l'aise sur le sujet. Alors que des abysses de dettes se forment tous les jours au budget de l'Etat, que la situation économique du monde laisse clairement entrevoir des petites agitations pour les jours à venir, on imagine fort bien que la mise sur le tapis par la presse des derniers achats présidentiels risque de provoquer quelques remous dont Sarkozy se serait bien passé.
Air Fraônce One, plus loin, plus haut
Dans le même temps, on sent aussi que Ségo, avec son Frigidaire et sa candidature pas préalable, elle, fait tout pour qu'on parle d'elle. Dans une situation diamétralement opposée à celle de Sarko et de son A330, elle tente ainsi de brouiller l'écoute des médias, sans toutefois y parvenir totalement. Les réponses aigres-douces de Martine A Lille montrent d'ailleurs que l'idée de mettre au frais les petites pulsions épisodiques de meurtre sanglant pour les dirigeants du PS n'ont pas dépassé plus que les lèvres de la Royal Air Force. Il y a fort à parier que l'étripage continuera comme si de rien n'était.
Photo fidèle du PS
Et on sent cette volonté de faire du bruit, de s'attirer les grâces des médias, d'autant plus forte que, d'un autre côté, la tempête commence à se lever et que, bientôt, ces mêmes médias n'auront plus aucune attention pour ces billevesées terre-à-terre. En effet, comme je l'annonçais depuis déjà quelques billets, un petit grain s'est levé sur la finance mondiale, petit grain qui donnent une dimension terriblement pusillanime à ces agitations de la presse française autour de sujets un peu moisis.
Car il ne faut pas se leurrer : ce qui est en train de se passer au niveau mondial est, tout simplement, une entrée violente et probablement dévastatrice dans un rigoureux hiver de Kondratieff. Un certain nombre de personnes, parfois même d'hommes politiques, a commencé à prendre la mesure de l'ampleur des problèmes qui s'ouvrent devant nous. Mais en France, bien sûr, au niveau des politiques français, on est plutôt dans ... le déni. C'est assez typique de ce que les psychologues ont noté lorsqu'une catastrophe se produit dans un groupe d'humains ; les états émotionnels ressentis se classent traditionnellement alors en quatre phases : le déni, la colère, la tristesse puis l'acceptation.
Pour le moment, pas de doute: c'est le déni. Le PS est bien plus tétanisé par ses petits soubresauts gastriques que par le tsunami qui s'annonce : alors que, manifestement, le volcan commence à cracher des fumées pyroclastiques, les chiffonniers socialistes se déchirent amèrement pour déterminer la couleur du cuir du salon neuf qu'ils planifient ardemment d'acheter dans les prochains jours. Pendant ce temps, sur l'autre flanc du volcan et pendant que les tremblements de terre se font de plus en plus violents, le chef de l'exécutif, entre deux commandes d'avions, explique comment on va découper les pilules et les cachets pour pouvoir en distribuer à tous les malades sans oublier personne.
La phase suivante risque, évidemment, d'être assez pénible : lorsque les premiers dégâts, forcément douloureux, vont se faire violemment sentir sur l'économie française, ce sera la colère qu'on pourra lire de part et d'autre du volcan. Et à ce moment, pas de doute : le grand méchant marché libre, le vilain capitalisme, et surtout, le libéralisme débridé plein de renards libres dans des petits poulaillers mal protégés seront montrés du doigt. Tenez-vous bien, libéraux mangeurs d'enfants et capitalistes en haut de forme, méchants patrons et horribles financiers qui ont plongé la Fraônce dans le caca et la géhenne d'une situation scabreuse ! Grâce à (mettre ici un chiffre exprimé en milliers) lois et règlements, vous ne pourrez plus faire ce que vous voulez avec l'argent des pauvres et des miséreux qui ont cru en vos vilains mensonges ! Grâce à (mettre un chiffre exprimé en kilotonnes) d'explosif taxatoire et fiscal, on va vous raboter l'anus et récupérer les milliards de milliards que votre méchant système aura fait perdre. Et Sarkozy ne sera pas le dernier à proposer des mesures coercitives exemplaires pour aller chercher, avec les dents, les excroissances capitalistes les plus honteuses.
Evidemment, comme le problème vient, au départ, d'un interventionnisme systématique et délétère de l'Etat, la solution qui consiste à accroître la cause du problème risque plus que probablement d'amplifier encore les effets catastrophiques observés. Autrement dit, la situation n'est pas rose, mais grâce aux interventions vigoureuses et abracadabrantesques de nos gouvernants, elle va rapidement virer au cauchemar.
Nous rentrerons alors, youkaïdi, youkaïda, dans la troisième phase de la farandole citoyenne et festive : la tristesse. Et là, ça va être la morositite aigüe, pleurs et grincements de dents pendant un moment. Entendons-nous bien : la situation réelle sera probablement assez peu drôle, mais celle relatée par les médias et surtout interprétée par les hommes et femmes de pouvoir rendra pittoresque et amusante les évocations ouvrières d'un Zola ou d'un Balzac après une rupture amoureuse ; là encore, il s'agira de faire pleurer dans les chaumières, pour expliquer comment soutirer de l'argent aux pauvres pour en donner un peu aux pauvres, tout en prenant une grosse petite partie pour donner aux riches intermédiaires étatiques qui, heureusement, seront là pour combler les trous des méchants capitalistes etc... vous avez saisi le tableau.
Pour la dernière phase, en revanche, je serai moins catégorique. La phase d'acceptation suppose, en effet, tant au niveau d'un humain que d'un groupe d'humain, une prise de conscience, une certaine maturité. Supposer que, dans quelques années, les politiques de ce pays auront acquis la maturité nécessaire pour qu'ils fassent le deuil de leurs méthodes foireuses d'intervention systématique dans la vie d'autrui est, à mon avis, se bercer d'illusion trop près d'une presse hydraulique en buvant du plomb fondu (en gros).
En clair, l'avenir ne s'annonce pas spécialement réjouissant. Et, comme de juste, Ce Pays Est Foutu.
Mais c'est précisément parce que la période à venir s'annonce rude, pleine de changements violents, qu'elle recèle en elle, aussi, de vastes potentialités d'améliorations. Si le pire est en effet à craindre, il n'est pas certain... Finalement, tout peut arriver : Sarkozy peut se ressaisir. Royal peut partir en retraite. Besancenot peut devenir rentier...
Qui sait ?