Crise financière : les bourses poussées dans leurs retranchements

Publié le 18 septembre 2008 par Apprendrelabourse.org

Après 4 jours de bourse très intenses et avant une dernière séance demain qui se profile avant un week-end qui est une perspective un peu inquiétante pour certains opérateurs ou investisseurs particuliers, 2 points importants semblent ressortir de la masse d'évènements et d'informations dont chacun a été bombardé en lisant son journal, en écoutant la radio ou devant son journal télévisé. Le premier à court terme concerne le marché actions dans son ensemble pour cette fin de semaine. Le second a par contre des conséquences à plus long terme.
Les marchés actions occidentaux plient mais ne rompent pas encore :
Avec des baisses considérables sur certains titres, un des faits notables est l'absence d'emballement des indices, pour l'heure. Le DAX gagne + 0,04 % ce jour et reste sur son support vu mardi. Le Ftse 100 à Londres repris sur le graphe ci-dessus en baisse de - 0,66 % reste cantonné en 'zone connue'. Le CAC 40, dont le graphe est accessible en cliquant sur le graphe, reproduit le même scénario, comme le Dow Jones vu hier entre 2 supports importants.
  


Bien sûr la semaine est assez dévastatrice mais les indices phares ont réalisé des baisses intermédiaires qui restent dans le cadre de la tendance baissière de fond qui existe depuis des mois maintenant. On perçoit ici le travail au forceps des marchés pour encaisser toutes ces nouvelles avec des cours qui vont chercher au plus profond leurs supports. Le graphe de la bourse de Londres ci-dessus est particulièrement parlant avec pour l'heure une position relative au support qui a déjà été rencontrée en janvier. Avec une conjonction de tels supports sur autant d'indices importants comme ceux-ci place le marché à un point de tension inédit. La probabilité d'avoir des dérapages en deça de ces points est élevée.
A Moscou par contre le dérapage a eu lieu, après une chute importante et plusieurs interruptions de séance en début de semaine, la bourse est restée fermée ce jour. Elle réouvrira demain (Indice RTS ci-dessous)


D'où vient l'argent des renflouements ?... et conséquences pour la suite :

La crise aura par ailleurs atteint un stade supérieur en terme de taille "d'entités touchées" : après les ménages dont les biens immobiliers sont saisis sur le terrain, les courtiers et officines en prêts immobiliers, puis les banques, la banque centrale et l'Etat sont touchés directement.
Jusqu'ici la banque centrale intervenait sur le marché monétaire avec encore aujourd'hui un montant très important de 180 MDs $ avec une concertation qui implique la BCE à Francfort, la BoE à Londres, la BNS en Suisse, la banque du Canada et pour la première fois la banque du Japon mais ces montants et l'aide accordée à AIG mettent dorénavant la Fed face à des difficultés accrues par rapport au point qui avait été fait dernièrement dans l'article intitulé "
Des subprimes à la dégradation du bilan de la Fed
* Pour venir en soutien à la Banque Centrale, le gouvernement via le Trésor a dû mettre en place un programme spécial intitulé le TASFP qui se traduit concrètement de la sorte :
Parmi les obligations que le Trésor peut émettre sur le marché, on trouve les 'bills' qui sont des obligations (ou 'bons du trésor) inférieures à 1 an et dont une des catégories très rarement employées car mobilisable à n'importe quel moment est constituée par les 'cash management bills'. Ainsi le gouvernement a levé sur les marchés hier 40 milliards $ par ce biais pour une échéance à 35 jours et 60 Mds $ ce jour à 20 et 76 jours. Une fois ces fonds levés, le Trésor les a immédiatement porté au crédit de la Fed qui les a injecté dans le système bancaire au plan international de concert avec les autres banques centrales, en plus des ressources propres.

Hier comme indiqué, la ruée vers la sécurité que réprésente les bons du gouvernement a été telle que les taux se sont écrasés près de 0 % à 0,05 % exactement à un plus bas depuis 1941 alors qu'ils servaient 1,47 % en intérêts le 12 septembre,  sur les taux à 3 mois (donc sur les 'bills 3-month'),.
L'émission de 40 Mds $ hier a été souscrite au taux de 0,30 % pour une échéance plus courte alors que les taux à 1 mois étaient à 0,25 %.

Le principe est simple : tout le monde se jetant dans les bras du gouvernement, les capitaux en mal de refuge ont trouvé là une opportunité très attractive... les fonds sont ensuite redescendus jusqu'à stabiliser au plus près les problèmes de liquidités bancaires.
→ Mais ceci appelle quelques éléments à conserver pour la suite :
- cela acte l'absence de marge de manoeuvre de la Fed et donc sa capacité à agir seule en cas de continuation des soucis d'autant que le bilan de la Fed s'est encore affaibli avec des prises en garanties de valeurs issues des banques de moindre qualité pour les refinancer comme évoqué lundi. Bref, l'autonomie de la Fed est écornée.
- pour la première fois, l'état américain est obligé de  payer un taux supérieur pour pouvoir lever des fonds même si celui-ci peut apparaître ridicule compte tenu de l'environnement mais le surplus de rémunération donnée dans une opération ponctuelle est présent et rémunère le risque associé ainsi que la procédure employée tout à fait exceptionnelle.
L'élément crucial désormais même s'il reste marginal est donc l'entrée du problème du crédit dans la sphère la plus élevée du marché sur l'une des signatures réputées les plus sûres au monde, l'Etat fédéral américain. Insignifiant en l'état, c'est un point de départ qui peut faire date pour le suivi des réactions du marché sur les taux, c'est à dire sur le financement des USA et également du dollar par la suite. La dépendance des USA aux marchés de capitaux étant élevée, les taux seront surveillés encore plus étroitement ici dans les prochaines semaines.

Synthèse :le trésor US 'vend' (sur le marché) 40 milliards $ de bons du trésor pour la Fed pour rehausser son bilan et pour améliorer la liquidité sur les marchés. La question qui s'ouvre sans a priori et simplement comme piste pour nous dorénavant, comme pour l'ensemble du marché : comment les marchés obligataires vont accueillir les nouveaux appels de fonds si les choses augmentent encore en montants et en sollicitations alors que les 10 000 MDs d'endettement public déjà présents viennent d'être augmentés en quelques jours de 5 000 MDs de dettes de Fannie Mae et d'environ 1 000 Mds $ d'AIG avec certes des actifs en contrepartie, sans oublier le déficit budgétaire record de 482 Mds $ de cette année ?

En attendant, le Dow Jones est allé chercher son support le plus loin à 10 461,40 points repris sur le graphe hier soir et termine en hausse de + 3,86 % à 11 019,69 points. L'opération chirurgicale et le 'Kriegspiel' planétaire qui auront amenés en quelques dizaines d'heures Barclays à reprendre une partie de Lehman et HBOS fusionner avec Lloyds entre autres exemples semblent pour l'heure plutôt bien accueillis, avec la 'patte' du gouvernement jamais très éloignée mais que les marchés vont avoir dans le viseur de 1er rang dorénavant si les choses continuent à ce rythme.
Une opération encore plus importante du type de celle réalisée dans les années 80 pour sauver des établissements de crédit de la ruine serait ainsi dans 'les cartons' pour extraire les mauvaises dettes et pouvoir repartir sur de meilleures bases.
Le marché actions a tendance à apprécier cette volonté de " grand nettoyage", un des éléments qui maintien les cours toujours dans leur tendance hors des grands dérapages depuis cette semaine mais le marché obligataire est susceptible comme le marché des changes sur le $ d'avoir une autre vision. Bush
assure qu'il fera le nécessaire pour ramener la stabilité. A suivre.