Eradiquer la culture, ça a commencé dans les années 2010, à peu près. Un peu avant, en fait. Ça a commencé par l’amoindrissement progressif de l’école publique.
Les petites classes d’abord. A quoi cela peut-il bien servir d’envoyer les mioches de 3 à 5 ans à l’école. C’est de la garderie, bien sûr. Et puis c’est un comble que des gens qui passent des concours à bac + 5 s’amusent à changer des couches. C’était de la vile propagande, bien sûr : à l’époque, un élève ne pouvait pas être accepté à l’école, s’il n’était pas propre et le concours de professeur des écoles était accessible à bac +3. Mais il était vite fait de mettre des informations fausses dans la tête des gens.
Ensuite, les mères sont redevenues « au foyer ». Label de droite, « travail (pour les hommes), famille (pour les femmes), patrie (pour la lutte contre le terrorisme) ». En pleine crise, ça faisait toujours baisser les chiffres du chômage. Il n’y a pas de petits profits !
Depuis longtemps, un travail de dénigrement des professeurs avait commencé : ce sont des fainéants, ils sont contre productifs, refusent les évolutions, s’opposent systématiquement à tout, sont inefficaces…
Dénigrons, il en restera toujours quelque chose. En premier lieu, l’idée que notre système d’éducation était mauvais. Mais au lieu de s’inspirer des pays scandinaves, on a fait croire aux gens que plus de moyens étaient inutiles. Les moyens, c’était le mot abstrait qui voulait pourtant dire moins d’élèves par classe et des professeurs mieux formés.
Après la maternelle, on a supprimé les RASED, ces réseaux d’aide du primaire, qui permettaient de soulager les classes de leurs élèves les plus en difficulté.
Les classes surchargées devaient donc supporter les élèves présentant des difficultés psychologiques. Bien sûr, les enseignants n’étaient pas préparés à cela.
Dans le secondaire, les effectifs étaient intenables. En 2008, souvenez-vous, il y avait des classes de collèges de 30 élèves. Ça n’a cessé d’empirer par la suite. Imaginez déjà 30 élèves rugissant de 4èmes. 30 adolescents scotchés à leur téléphone portable et plus intéressés par leurs consoles de jeux que par les programmes ambitieux de l’éducation nationale. Mission impossible.
Ce jeu là fit très vite la joie des entrepreneurs en tout genre : on vit fleurir les collèges MacDo, Carrouf et autres Windaube.
Idem pour la fac. La culture, se transforma vite en culture pub…Il fallait de toute façon de l’éducation utilitaire. Foin de toutes les considérations humanistes : il fallait des citoyens « pâte à modeler »…
CC