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Ailleurs, Julia Leigh

Par Sylvie

RENTREE LITTERAIRE -AUSTRALIE
Ailleurs
Editions Christian Bourgois

C'est l'une des grandes découvertes de cette rentrée. Ce deuxième roman de cette  jeune australienne fut salué à la fois par Toni Morrison et JM Coetzee. En une centaine de pages, l'auteur nous décrit une histoire étrange, morbide, faite de non-dits et de lourds secrets.
L'intrigue est minimale : dans une ville française non définie, une femme revient d'Australie dans la maison familiale avec ses deux enfants ; un bras dans le plâtre, des vêtements déchirés ; signes annonciateurs d'une situation familiale difficile.
La femme revient après un départ brutal douze ans plus tôt. Un château d'antan, une grand-mère évoquant l'aristocratie d'autrefois, une gouvernante et deux servantes jumelles. Puis le même jour, reviennent de l'hôpital le frère de la femme, Marcus ainsi que Sophie, la belle-soeur, qui revient à la propriété familiale avec "le paquet" morbide. Etrange huis clos familial qui va durer plusieurs jours...
Le récit est celui de la tentative de l'enterrement du paquet malgré le refus de Sophie...
Voila pour l'intrigue. Certes sujet très dérangeant, mais l'écriture de Juia Leigh est si elliptique, tout en nuance, que tout détail scabreux est absent.
Au contraire, il s'agit avant tout d'un roman d'atmosphère. Les personnages ne sont presque pas décrits, il s'agit de silhouettes fantomatiques. Alors que l'on connaît leurs prénoms, l'auteur les désigne toujours par "le garçon", la "petite fille", la "femme".  
Le décor (un château, un parc avec des fauteuils en rotin, un lac, une forêt) instaure un climat mystérieux et enchanteur (les oiseaux, les daims...). Alors que nous croyons être dans un conte gothique, des éléments de la modernité surgissent : un écran plasma, un portable, un séjour dans un  restaurant de kebab...L'auteur brouille magnifiquement les pistes...
Quant aux relations entre les différents personnages, elles ne sont que suggérées. Peu de communication, beaucoup de non-dits. On devine un adultère, une maltraitance conjugale.
Les critiques ont évoqué Tandis que j'agonise,de par l'ambiance morbide. Cependant, il n'y a pas de tonalité burlesque. On contraire, tout est poésie et retenue.
Par contre, on peut évoquer le magnifique film de Charles Laughton, La nuit du chasseur, de par la présence des deux jeunes enfants qui prennent la barque sur le lac pour aller vers un "ailleurs" plus hospitalier. L'enfance qui cherche à fuir un monde adulte qu'elle ne comprend pas ...

Un roman d'ambiance très cinématographique qui marquera les esprits...


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