Il n'y aura bientôt plus besoin d'aller au cinéma pour assister à un spectacle surréaliste. 'Rumba », c'était bien, mais l'actualité de notre pauvre planète, c'est pas mal non plus...
Deux exemples:
Le 13 septembre, le président de sa république se rend à Roissy avec madame pour accueillir le pape dès son apparition. Réception de chef d'état, tapis rouge, guirlande à roulettes*, discours officiel à l'Elysée, notre Nicolas s'est fait un nouveau copain.
* Nom donné par les professionnels de la route aux convois officiels.
Mais on se fait des copains à son image et on n'a jamais que les amis qu'on mérite.
Le lendemain soir, Benoît part en virée à Lourdes et, dans son préchi, se fend d'un précha incendiaire vouant aux gémonies les divorcés qui se remarient. Bon, c'est vrai, je ne suis pas très compétent en matière de divorce. Mais en matière d'amitié, je suis intraitable. Un type qui me tire dans les pattes comme ça, je te lui enverrais fissa le GIGN lui verser du fluide glacial dans la mitre, et Dani Lari, le célèbre magicien, faire surgir une pin-up de sous ses robes, histoire de lui plomber la réputation... M'enfin!
Cabu / Le Canard Enchaîné n° 4586 / 17 sept.
Bon, le temps que je regarde si ma télé toute neuve n'était pas détraquée, et voilà un sujet sur les renflouements d'entreprises aux USA, pour lesquelles ils manquent de vocabulaire, attendu que le prononcé du seul mot de « nationalisation » leur arrache le macdo, le chewing gum et le dentier.
Voilà des gens qui bassinent la planète depuis un siècle en affirmant détenir la seule vraie solution pour faire marcher l'économie, pour qui le collectivisme est une humiliation, le socialisme une bouffonnerie, le communisme une crime d'état, voilà une culture qui a engendré McCarthy, construit une parano internationale, s'est imaginé des cocos infiltrés dans tous les rouages de son administration, a procédé à ce titre à des arrestations arbitraires, des quasi-déportations, fait mousser une propagande qui n'avait d'égale que celle qu'il dénonçait en face, et qui maintenant qu'il y a le feu au lac........
Cela confirme en tout point l'idée que je me faisais de leur opaque doctrine: le capitalisme libéral, c'est bien quand ça permet au petit nombre de s'enrichir au détriment du plus grand. Mais ça s'arrête là. L'amélioration du produit par rapport à la monarchie des tsars, c'est que le système les met maintenant en position de fabriquer leur élection, quitte à finir l'accouchement dans un tribunal de Floride, ce qui leur permet de reléguer dieu au rôle de super agent blanchissant au lieu de le conserver comme membre fondateur. Encore que...
Mais l'objet du système reste le même.
On veut bien jouer au Monopoly tant que ça gagne. Si on perd, on change les règles. On ne « nationalise » pas, il y a des mots défendus, comme ficelle sur un plateau de théâtre. On « intervient », on « prend des parts de soutien », on « fait des offres », on « acquiert », on « fusionne », on « injecte ». Tout cela a des allures de hyènes à la curée, mais qui se fait des illusions?
Il est vrai que le drame profond aux USA, ce n'est pas celui des nababs qui vont devoir changer de marque de cigares, mais celui de tous ces ronds de cuir qu'on voit sortir de l'immeuble de leur entreprise agonisante avec leur petit carton de crayons et de clés USB. Ceux-là ne toucheront pas d'indemnités de licenciement, -ça n'existe pas-, ils n'iront pas à l'ANPE le lendemain, -ça n'existe pas non plus-, ils risquent fort de grossir le peuple des campeurs des jardins public dont la démographie explose aux USA pour cause de traites ou de loyers impayés.
Les intégristes du système rétorqueront qu'ils ont, par contre, plus de chance d'être réembauchés rapidement...
D'abord, c'est loin d'être évident, puisque le pays est en crise, et que -justement-, c'est à cause de cette crise qu'ils ont été licenciés. Rappelons nous par ailleurs que le tiers des non-cadres américains s'exténue dans deux emplois simultanés, parce qu'un seul ne suffit pas pour survivre, et qu'ils viennent même de démontrer que deux ne suffisaient pas à faire face à des crédits qui explosent......
Est-ce un sort enviable d'être « réembauché rapidement » dans de telles conditions?
A Stakhanov, au moins, on avait donné une médaille...
Alors, plus que jamais, entendons par « alternative » non pas le concept péjoratif par lequel chaque camp désigne son adversaire, mais pour construire le futur, la gestation d'un système différent de tout ce qui existe.
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