Dans une interview accordée à LMU (le mensuel de l’université), André Langaney, généticien, directeur d’un laboratoire du MNHN, et professeur à l’Université de Genève, est invité à s’exprimer sur un des ses thèmes favoris : Evolution et races humaines : que disent les gènes ?. A l’occasion d’une question des journalistes sur une nouvelle phase de l’évolution dont l’homme serait le maître, il parle des OGM.
Prenons l’exemple des OGM. Cela n’a aucun sens d’être pour ou contre. Ils correspondent à une technique qui utilise des mécanismes en cours dans la nature, mais détournés en fonction d’intérêts humains, comme toutes les espèces domestiques depuis le néolithique.
Il y a ici utilisation d’un argument de plus en plus fréquent au cours des débats sur les OGM et autre bio/nanotechnologies. Partir du principe que ce n’est qu’une accélération de processus naturels, quand bien même c’est inexact. Enro en a déjà parlé dans une note précédente que je vous invite à lire.
Il me semble que Langaney fait un amalgame entre la sélection de lignées animales pour certains de leurs caractères utiles à l’homme, et une modification ciblée de lignées végétales. Pour le peu que j’en sais, la technique qui aboutit à la modification génétique d’une plante est largement différente de celle qui consiste à croiser préférentiellement des animaux.
La suite m’a interrogé pendant longtemps: j’ai l’impression que d’une phrase à l’autre, André Langaney se contredit franchement, notamment sur le sujet de la résistance aux agresseurs.
Certains OGM ont des intérêts économiques énormes, pour les producteurs, pour les consommateurs ou pour l’environnement (en limitant l’utilisation des engrais et pesticides, donc la pollution et le gaspillage de ressources).
D’autres OGM peuvent être dangereux lorsqu’ils présentent des risques de contamination de la nature ou de diffusion de facteurs de résistance à des pathogènes, à des antibiotiques ou à des pesticides.
On aurait donc d’un côté les bons OGM, qui permettraient de diminuer l’utilisation des pesticides, et de l’autre les mauvais, qui présenteraient des risques de diffuser des facteurs de résistance. Mais est-ce que, par voie de conséquence, un bon OGM (résistant) ne risque pas, par gene flow, de diffuser ces caractères de résistance?
J’ai l’impression qu’il essaie de nous faire croire à l’existence de deux catégories, qui finalement ne sont qu’une: les effets positifs (moins d’engrais, résistance aux agresseurs) s’accompagnant d’effets négatifs (diffusion des gènes, sélection des agresseurs résistants,…).
Il s’agit donc d’une technique qui présente, comme beaucoup d’autres, à la fois des perspectives très intéressantes et des dangers à surveiller de près.
C’est un peu tard pour le dire, à mon avis, après avoir introduit l’ambiguïté dont je parle juste avant! D’autant que les perspectives et les dangers potentiels sont souvent deux facettes d’une même chose…