Le nom de José Saramago constitue depuis longtemps une rumeur insistante à mes oreilles. Le plus étrange, c’est qu’après cette première lecture, la rumeur a amplifié, glanant au passage nombre d’idées vagabondes et dirigeant mon attention vers ses autres livres...
L’autre comme moi raconte l’histoire d’un homme qui découvre un jour sur une cassette vidéo qu’un être similaire à lui existe. Même physique, même voix, même caractéristiques générales. Tertuliano Afonso, le personnage central, tente donc de percer le mystère chaotique de ce phénomène. Sur plus de 300 pages se délayent alors toute l’inquiétude de cette erreur floue et cruelle de la nature. Le double, l’identité, la présence de l’altérité, l’absurdité, l’ironie, tout y passe. Saramago nous entraîne dans un récit brillant, pointu, parsemé de la lourde pesanteur existentielle que représente le fait de notre unicité.
Et quand bien même s’égare-t-il parfois, aspiré lui-même par une littérature de haute qualité, nouée de phrases labyrinthiques et aiguisées, l’auteur montre selon moi à quel point l’altérité exerce une pression sur l’individu. La question identitaire est centrale (perdre son unicité) mais le récit s’étire davantage et souligne la puissance de la présence d’un autre, y compris un autre différent. L’être, en face d’un congénère, devient sollicité de toute part : autrui hisse des doutes, des fantasmes, des idées perdues, des angoisses, etc, et nous rappelle sensiblement à quel point l’être humain est d’abord un être social, qui se développe dans l’interaction et ses turbulences.
Oserions-nous admettre que les autres nous forgent l’âme ?
A découvrir
José Saramago est prix Nobel de littérature
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