Ce que le président George Bush nomme un "quiet surge" en faveur de l'Afghanistan s'apparente plutôt à un renfort ("surge") massif de soldats. Le général David McKiernan, commandant de la Force internationale d'assistance à la sécurité (FIAS, sous commandement OTAN), a estimé, mardi 16 septembre, avoir besoin de trois brigades de combat supplémentaires, soit environ 10.000 hommes, pour combattre les insurgés, dont les attaques, a-t-il précisé, se sont accrues de 30% depuis un an. Cette demande, a-t-il indiqué, a été "validée" par Washington.
C'est la première fois que les Etats-Unis évoquent des renforts aussi importants pour l'Afghanistan (où sont déjà présents 70.000 soldats occidentaux). Mais ce mouvement de troupes, qui devrait s'effectuer en 2009, suppose que le nombre des forces américaines en Irak continue de décroître. Sans renforts rapides de troupes au sol, a insisté le général McKiernan, "le danger est que nous risquons d'être ici plus longtemps, que nous dépenserons plus de ressources et subirons plus de souffrances humaines". C'est parce que la coalition n'a pas suffisamment de soldats, a expliqué le commandant de la FIAS, qu'elle est obligée de recourir davantage aux raids aériens, lesquels entraînent souvent des pertes civiles. A l'OTAN, plusieurs diplomates se sont inquiétés de la perspective de renforts massifs, estimant que ceux-ci s'accompagneront d'un accroissement des opérations aériennes.
L'administration américaine est consciente que ces opérations renforcent le ressentiment de la population afghane envers la coalition internationale. Le secrétaire d'Etat à la défense, Robert Gates, qui était mardi à Kaboul, a d'ailleurs présenté ses excuses pour la mort de civils afghans. Toutefois, Washington conteste toujours le bilan de 90 morts avancé par le président Hamid Karzaï et l'ONU lors du bombardement du 22 août. Une commission d'enquête permanente, américano-afghane, a été créée pour établir rapidement les faits lors de la mort de civils.
Alors que le conflit afghan déborde sur le Pakistan voisin, le chef d'état-major des armées américaines, l'amiral Michael Mullen, a réitéré, mercredi à Islamabad, l'engagement des Etats-Unis à respecter la souveraineté de ce pays. Cette mise au point fait suite aux tirs répétés de missiles par des drones américains sur les zones tribales du nord-ouest du Pakistan.
Quelques heures après cette déclaration, des responsables pakistanais ont annoncé que quatre missiles, vraisemblablement tirés par des avions sans pilote, ont tué cinq personnes dans la région de Baghar Cheena, dans le district du Waziristan du sud.
Source du texte : LE MONDE.FR