"Parlez-moi de la pluie", troisième long-métrage d'Agnès Jaoui, co-écrit avec son fidèle accolyte Jean-Pierre Bacri, est sorti en salles mercredi. Un peu à la manière d'un Woody Allen, cette comédie dramatique de très bonne facture dépeint les rapports humains avec acuité et humour et révèle un Jamel Debbouze particulièrement émouvant.
Dans ce film nettement moins sombre que "Comme une image", l'opus précédent, Agnès Jaoui campe le personnage d'Agathe Villanova, une féministe investie depuis peu dans le monde de la politique. Celle-ci doit se résoudre à aller passer une dizaine de jours dans le Sud de la France pour deux raisons. Sa soeur, Florence, l'a invitée à venir faire le tri dans les affaires de leur mère décédée un an plus tôt. Agathe doit aussi y donner un meeting. Ironiquement, celle-ci est en effet une "victime" des lois sur la parité : elle vient d'être parachutée candidate de son parti dans cette région qu'elle exêcre.
Mois d'août pluvieux
Dans ce village où elle a grandi, Agathe retrouve, dans le cagibi accolé à la demeure familiale, la touchante Mimouna, femme de ménage que les Villanova avaient ramenée avec eux d'Algérie au moment de l'indépendance. Un rôle magnifiquement interprété par la seule actrice non professionnelle du casting, Mimouna Hadji, qui irradie le film par son humanité. Agathe revoit aussi le fils de Mimouna, Karim (joué par Jamel Debbouz) qui, avec son ami Michel Ronsart, pied nickelé de service, a le projet de tourner un documentaire sur elle. Mais en ce mois d'août pluvieux, rien ne se passe vraiment comme prévu et les péripéties s'enchaînent en cascade !
Travailler avec Jamel
Selon Jean-Pierre Bacri, "le film est parti du désir de travailler avec Jamel". Taillé pour lui, le personnage de Karim, vrai rôle de composition, lui donne l'opportunité de se surpasser. Jamel affirme lui-même qu'il s'est senti "devenir un homme, avec tout le questionnement et le mal-être que cela suppose, et que je préférais enfouir jusque-là". Jamel habite ce film de part en part. Les scènes avec Jean-Pierre Bacri et Agnès Jaoui, de même qu'avec la troublante Florence Loiret-Caille, lui offrent plusieurs occasions de dévoiler une profondeur, des fêlures qu'aucun rôle n'avait jusqu'ici laissé apparaître.
Victimes en quête d'amour
Avec tendresse, Agnès Jaoui porte son regard sur des individus en quête d'amour où les plus vulnérables ne sont pas toujours ceux que l'on croit. Chaque protagoniste se sent victime : Agathe, du sexisme; Karim, du racisme; Florence, de n'avoir pas été autant aimée que sa soeur; et Michel, de n'avoir pas obtenu la garde de son fils. "Il nous semblait qu'aujourd'hui, beaucoup de gens se vivent comme des victimes et s'enferment dans cette position, faute de ne pas avoir été pleinement reconnus dans leur souffrance. Tant qu'on ne reconnaît pas aux victimes leur statut de victime (...) elles ne peuvent pas avancer", explique Agnès Jaoui. La machine, franchement bien huilée, fonctionne on ne peut mieux, les acteurs tirant un évident plaisir à se donner la réplique. Les situations graves alternent avec des épisodes de farce qui font de ce film un divertissement agréable d'où la réflexion n'est cependant jamais absente. En résumé, un Jaoui-Bacri du meilleur cru.
Le teaser de "Parlez-moi de la pluie" :
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 03 décembre à 16:21
ou peut on trouver la liste des titres des musiques du film "parlez moi de la pluie"?