L'échec de la FED à rassurer les marchés après le renflouage de Fannie et Freddie a déclenché comme annoncé dans un article précédent une forte accélération baissière et le passage de la crise à la vitesse supérieure.
Après la faillite de Lehman (plus de 600 milliards d'actifs) et la quasi-faillite d'AIG (n°3 mondial de l'assurance avec 1000 milliards d'actifs environ), d'autres banques de taille "moyenne" sont dans une situation critique : Wachovia, et de nombreuses banques régionales US, le N°1 mondial Citigroup n'étant pas à l'abri à plus long terme.
Tous ces évènements, aussi spectaculaires qu'ils soient ne doivent pas nous faire oublier l'essentiel : Nous ne sommes toujours pas dans le coeur de la crise.
Une crise de ce type (credit crunch géant) pourrait à mon avis se dérouler en trois phases :
Phase 1 (la phase actuelle) : crise à dominante financière.
C'est la phase la plus bénigne, qui concerne surtout la frange financière et immobilière de l'économie. Dans cette phase, le citoyen lambda ressent encore assez peu les effets de la crise, la consommation est touchée modérément, mais les mesures économiques classique (PIB, ventes au détail, activité industrielle) ne permettent pas de distinguer cette phase d'une petite récession "standard".
Dans cette phase, les autorités réagissent au coup par coup, au compte-gouttes, en ne renflouant que les établissements dont la faillite déclencherait un épisode de panique totale. Elles espèrent ainsi gagner du temps dans l'espoir que les choses se "tassent" toutes seules.
Phase 2 (à venir) : le coeur de crise.
C'est la phase où le citoyen lambda se trouve à son tour frappé directement par la crise : la chute de la consommation et de l'activité industrielle, et le chômage, qui étaient jusqu'alors contenus, se mettent à accélérer fortement sous l'effet :
- Du durcissement considérable des conditions de crédit.
- De la perte de confiance de plus en plus marquée des ménages et opérateurs économiques.
- Du cercle vicieux qui s'enclenche (la perte de confiance entraîne la chute de l'activité économique, qui renforce à son tour le sentiment pessimiste des foules).
Durant cette phase, les acteurs comprennent qu'ils n'ont pas affaire à une récession standard, mais à une vraie dépression économique.
La pression sur les établissements financiers se maintient ou se renforce, les défauts de prêts initiaux (pertes sur prêts immobiliers) étant cette fois doublés et relayés par les défaillances d'entreprises et de ménages.
Les autorités maintiennent leur politique précédente, en espérant que la tendance s'inverse, jusqu'au moment où elles sont obligées de "jeter l'éponge".
Phase 3 (à venir) : dévaluation / inflation
Les autorités ne devraient choisir cette option de liquidation de la dette en excès par l'inflation qu'en ultime recours, quand tous les secteurs de l'économie seront déjà touchés par la crise, et qu'il n'y aura plus grand chose à craindre d'une hausse des taux longs.
Le point bas sur les indices et la majorité des actifs patrimoniaux devrait être observé en milieu ou fin de phase 2.
Un point moyen terme sur les indices pour finir : rien de nouveau par rapport à ce que j'avais écrit à la mi-août et ensuite : le scénario de la vague elliotiste A.3.3 donné à la mi-août se confirme pour le moment avec la rupture par le haut d'un triangle sur le VIX, et la rupture des plus bas de juillet sur tous les grands indices. Même si il est trop tard pour rentrer en sécurité dans des positions baissières (le vix est déjà haut, il fallait rentrer quand il était à 20-22 et le CAC au dessus de 4400), on peut attendre pour la vague en cours un supplément de baisse sur les indices et un vix encore plus haut.
Une dernière petite remarque : nous voyons bien à travers ce qui se passe que les évènements du type "élection présidentielle américaine" ou "JO de Pékin" sont secondaires par rapport à ce qui se passe et n'ont pas d'influence importante sur les marchés.