Im Sang-soo réalise avec audace, The President's Last Bang (2005), une satire politique, en dénonçant l'agissement de l'élite au pouvoir ; une classe politique peu glorieuse, au régime déséquilibré. Film politique pointant du doigt une dictature militaire ayant écrasée toute contestation par la force, et ayant réduit le peuple sud-coréen au silence (tortures, disparitions...). Im Sang-soo emploie sa critique d'un système au travers d'une narration qui dépasse la simple relecture de faits historiques. Pour se faire, il utilise une multiplication des genres (polar, thriller et notamment la comédie noire teintée de burlesque) qui permet de revitaliser le drame historique. Il emploie également une esthétique particulière qui crée une atmosphère de suspense, où la violence à l'état brut peut éclater d'un moment à l'autre. L'objectif de la caméra (l'œil du spectateur) semble flotter d'une pièce à l'autre comme pour marquer un moment clé de l'histoire sud-coréenne.
La force de la réalisation réside dans les magnifiques plans séquences panoramiques. La caméra se déplace latéralement, témoin de ce qui se joue et de ce qui va se jouer. Elle prend de l'ampleur pour mieux observer le terrain de jeu en filmant en contre-plongée l'avant mais surtout l'après assassinat du Président Park, où elle se déplace encore latéralement pour mieux voir les conséquences du cataclysme qui vient de frapper.
The President's Last Bang marque aussi par ces problèmes de censure. Après que le fils du défunt dictateur ait tenté de faire interdire le film, prétextant qu'il salissait l'image de son père, la cour de justice ordonna que l'on coupe au montage quatre minutes d'images d'archives. Quatre minutes qu'Im Sang-soo laissera noire.
Avec The President's Last Bang, Im Sang-soo nous montre l'étendue de son art cinématographique et s'inscrit de ce fait comme un cinéaste de talent de la scène coréenne.