Cliché I. Rambaud,Anselm Kieffer au Petit Palais, juillet 2007
Le thème qui inspire cette année les journées du patrimoine est en fait à double sens.
Il s’agit d'abord de percevoir, à travers le patrimoine, les métiers qui le construisent et soutiennent sa création propre : les différentes facettes de l’architecture et des décors intérieurs. Les artisans d’art, les restaurateurs employant des techniques novatrices seront alors regardés avec un œil admiratif devant l’ingéniosité et les savoir-faire.
Travaux à la cathédrale de Strasbourg, juin 2008.
Car on admirera toujours la « belle ouvrage » et ce d'autant plus que ces lieux accueillent aussi le temps présent.
"Les Eglises" à Chelles, centre d'art contemporain, septembre 2008
Mais, le patrimoine offre aussi un théâtre propice aux présences artistiques : plasticiens, sculpteurs, vidéastes…
L’exposition Jeff Koons au château de Versailles illustre bien ce volet, avec ce qu'il comporte de fascinant : mariage de l'art et de l'argent, scenario flatteur pour les élites et séduisant pour les masses, retombées médiatiques assurées...
De même les artistes présentés au château de Fontainebleau jusqu'au 17 novembre par le "Château de Tokyo" bénéficient d'un cadre hors normes à la dimension de leur créativité.
Arcangelo Sassolino, sans titre 2008, Oeuvre placée devant "la cheminée Henri IV" du château de Fontainebleau
De telles installations permettent de « renouveler » les publics et d’interroger aussi le regard (et souvent nos consciences), sur l’étrangeté des créations contemporaines. On sera dubitatif, offusqué, choqué, séduit, conquis. Rarement indifférents.
Werner Reiterer, Entrance to the Center of the world, 2005, installation dans la cour d'honneur du château de Fontainebleau septembre 2008.
Pourtant, au-delà du phénomène commercial qui attire les foules et élargit les fréquentations, il faut s’interroger sur cette alliance entre patrimoine ancien et présence artistique.
Luca Francesconi, To Lower the Moutains, 2005, oeuvre présentée dans la chapelle Saint-Saturnin du château de Fontainebleau
La créativité peut n’être qu’un prétexte à vampiriser un site, l’oeuvre n’ayant aucun rapport, ni de volume, ni de matière, ni de sens avec son écrin. On aura tous des exemples à citer.
Dans le cas merveilleux où l’artiste créée une œuvre spécialement pour le site, on a mieux qu’une alliance passagère, un témoignage durable qui rend le patrimoine à sa destination première : servir aux vivants.
Vitraux de l'église Saint-Aspais de Melun (Gilles Rousvoal)
C’est souvent le cas des vitraux dont la création valorise les lieux de culte.
On peut aussi penser qu’associer une résidence artistique à un château en y faisant séjourner, comme à Blandy-les-Tours par exemple, un plasticien (Pascale Martine Tayou) ou un poète (Philippe Beck à ) est aussi un moyen de faire vivre le lieu.
Durant ces journées du patrimoine aux programmes chargés, ouvrons les yeux et interrogeons-nous donc sur la créativité des artistes d’autrefois, sur celle des restaurateurs qui nous la transmettent mais aussi sur celle des artistes contemporains qui sortent des galeries pour venir dialoguer avec « les vieilles pierres » et parfois y laisser leurs traces.
L’échange ne peut qu’être enrichissant.
Programme des 25e journées du patrimoine, 20 et 21 septembre 2008.
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