Cet article fait le point sur la séance du jour dans le prolongement des éléments longuement développés dans les articles parus dimanche, lundi et hier soir
que chacun retrouvera ci-dessous :
. Bourse : les marchés
actions cèdent mais ne rompent pas
. Aux portes de la zone vitale du système financier US
. USA : les saisies immobilières crèvent le plafond
Si Lehman Brothers amenait un risque large sur les marchés à la différence de AIG, cette banque d'affaires renvoie essentiellement à des pertes parmi d'autres intervenants du monde bancaire.
La presse s'est ainsi fait l'écho des engagements de tel ou tel établissement pour mesurer la nature de l'exposition aux risques de crédit et de contrepartie pour les dérivés comme
indiqué hier. AIG par contre, avec plus de 70 000 000 de clients à travers le monde, renvoie à la notion de 'public' et non plus de 'professionels'. La nature même du risque est différente
non seulement parce que les actifs sont supérieurs de 50 % à ceux de Lehman mais aussi et surtout parce qu'il implique des polices d'assurance et des plans de retraite pour de
nombreux 'épargnants', entre autres exemples.
Au-delà de rajouter une somme encore plus considérable à absorber par le marché, la mise en faillite comprenait non seulement une augmentation du risque systèmique mais sutout celui
de déclencher une panique générale.
Pris entre le souhait de préserver le coeur financier du système comme évoqué lundi et mardi tout autant que de vouloir faire payer le prix des erreurs aux banques, le gouvernement US via le
Trésor et surtout la Fed n'a pu que se résoudre à sauvegarder ce qui est son but essentiel : préserver le coeur et la confiance générale. La nature même particulière du 'risque AIG' était de voir
une crise de professionnels du crédit telle qu'elle se développe depuis un an se traduire plus concrètement aux yeux de tout le monde dans le public.
Un des principaux portails financiers en Europe, Finfacts, conclue ainsi un de ses articles sur
AIG et son sauvetage : " Une des raisons clefs du sauvetage a été la peur qu'un effondrement ne mette le feu à une panique publique même si les filiales d'AIG ne sont pas en
péril"
La FEd a dès lors initié un prêt de 85 Mds $ pour parer au plus pressé en échange d'une part de 79,9 % de l'Etat dans le capital de la compagnie.
Le communiqué renvoit d'ailleurs à l'article 13.3 du Federal Reserve Act, loi fondatrice de cette institution en 1913 qui lui permet, à titre exceptionnel, de voler au secours de toute entité qui menace la
stabilité financière (déjà utilisé pour Bear Stearns)
Cela renvoit encore plus profondément à un des fondements même de la création de la Fed en 1913 suite à la panique de 1907 qui avait vu un rush du public sur les banques dans une situation
financière, bancaire et économique très perturbée et dont l'apparition avait mené les autorités à se doter d'une banque centrale digne de pouvoir éviter ce type de crise, une des plus vives qui
faisait suite à de très nombreuses au XIXème siècle. Ceci rappelle que si favoriser le plein emploi et la
croissance est une de ses missions, la préservation de la stabilité est encore plus essentielle, l'ensemble des parties, Fed, Trésor et Maison Blanche agissant ici de
concert.
Sur la nature du risque global que ceci fait naître et sa continuation pour l'avenir, si les jeux d'engagements de crédit souvent croisés
entre banques, les appels de marge ou les effets de levier, les soucis liés à la titrisation et autres dérivés de crédit de type CDS présentent un risque évident, pour des notions qui ont été
détaillés sur ce site pour certaines, l'élément le plus saillant reste la baisse des prix de l'immobilier à la base sur le terrain qui est un des socles de toute l'architecture de cette
construction financière qui érode les montants des garanties et des valeurs au bilan des banques.
DSK, Directeur Général du FMI, a déclaré aujourd'hui : "Les racines de la crise sont connues, il s'agit de la chute des
prix immobiliers. Mais les conséquences pour certains établissements financiers sont encore devant nous. Nous devons nous attendre à ce qu'il pourrait y avoir dans les semaines et les mois à
venir d'autres groupes en situation difficile». (Reuters)
Le CAC 40 cède - 2,14 % à 4 000,11 points et réalise un nouveau plus bas. Le DAX perd - 1,74 % à 5 8860,98 et se pose sur son
support en rouge vu hier soir.
Le Dow Jones perd - 4,06 % à 10 609,66 et retrouve sa zone de support déjà vue dans Dow Jones - Analyse graphique : Un double support chauffé à blanc et remis à jour dans le graphe ci-dessous :
L'or gagne 10 % et 80 $ sur la séance en quelques heures à 863 $ l'once et retrouve son seuil très important dans la zone des 850 $.
L'un des points cruciaux concerne l'incapacité à connaître les montants que l'Etat va avoir à supporter pour maintenir la confiance générale,
ce qui a une implication directe sur la capacité des marchés obligataires à évaluer ce risque qui devient un point très flou pour les marchés et peut impacter la valeur du dollar US.
Pour l'heure, sur la séance, on a observé une ruée vers la sécurité très marquée à court terme avec en orange la position atteinte hier sur les obligations gouvernementales US et en vert celle
atteinte ce soir qui montre un écrasement total à 0 % de l'échéance à 3 mois et des niveaux inférieurs au taux directeur de la Fed situé à 2 % pour les échéances jusqu'à 3 ans.