Je viens de relire l’article de mon camarade Kiwizien Seb sur la merveille que constitue le capitalisme, lequel, on le sait, s’autorégule de lui-même. Nous avions déjà eu un débat nourri il y a quelques mois, car mon analyse du capitalisme diffère souverainement de la sienne. Or, Seb remet le couvert cette semaine…il faut relire ce passage éclairant : »Le capitalisme ne s’est jamais aussi bien porté merci. Le système ne faillit pas bien au contraire et prouve une fois de plus combien il est équilibré et auto suffisant. »
En fait, réflexion faite : Seb a raison : le capitalisme se porte bien. Mais le libéralisme, lui, passe un sale quart d’heure.
« Comment j’ai tué mon père »
On remarquera que le libéralisme est un système plus révolutionnaire qu’il n’en a l’air. Il ne fonctionne en effet que par l’éradication cyclique d’une partie de son élite, à grands coups de ce qu’il faut bien appeler des purge violentes. A l’instar du palud, il lui faut quasiment tuer le corps du malade qu’il infecte pour survivre. Pas de « régulation » soft dans un système libéral, ça non.
La main invisible tient en réalité une hache invisible. Je trouve assez comique, à ce sujet, que le « rééquilibrage » du marché passe par :
- la suppression de la concurrence sur le secteur des banques d’affaires (de 5 indépendantes, on va passer à 2 en quelques mois);
- l’intervention de l’Etat (la Fed, le Trésor);
- l’inflation (avec la bonne vieille planche à billets), le tout sur fond de licenciements de masse (128 000 salariés quand même pour la vénérable Lehman Brothers). Au fait, on considère que le système capitaliste va mal à partir de combien de milliers de licenciés ?
Prends ma main invisible dans ta g…
Un système qui doit couper tout une partie de lui-même pour éviter la gangrène parce qu’il n’a pas su faire de médecine préventive, c’est déjà pas joli. Mais lorsqu’en plus, il ne peut se réguler qu’en faisant appel à des mécanismes qui sont à l’antithèse de ses principes idéologiques fondateurs, je m’esclaffe.
Evidemment, il n’y a qu’en Europe qu’on continue de croire dans le dogme de l’Immaculée Concurrence Pure et Parfaite, et qu’on récite tout confit de dévotion le Confiteor Libéral sans se poser la question de l’existence de Dieu la main invisible !
"régulation"capitalismeEt ma main invisible dans ta gueule ? Lehman Brotherslibéralismepaludpurgesystème révolutionnaireSujets: Olé | 21 Comments »